22 juillet 2020

Chedli Ben Hassine et David Lenogue - Entrepreneurs

Portrait de deux entrepreneurs accompagnés et financés par WeLike

Lanslot est une application pour les joueurs de jeux vidéo. Joueur occasionnel ou véritable compétiteur, les amateurs de jeux vidéo se retrouvent sur ce réseau social pour trouver des partenaires et jouer ensemble en ligne mais aussi en réel, grâce à la géolocalisation. Après deux participations à des WeLikeStartup Challenges, c’est finalement après les sélections pour le Grand Prix Business Angel 2019 que Alain Ilhe, Jean-Thierry Augustin et Tom Rousselot décident d’accompagner Lanslot. Après quelques mois de mentorat, la startup a levé des fonds avec WeLikeStartup en début d’année 2020.

L’ENTREPRENEURIAT

Quel est votre parcours ?

Chedli Ben Hassine : A 17 ans, je suis parti pour les USA avec l’idée d’y passer une année de découverte. Finalement, j’y suis resté 5 ans, le temps de finir le lycée à Atlanta puis de faire des études d’ingénieur informaticien spécialisé dans les systèmes d’information à la West Virginia University Institute of Technology.

De retour en France, j’ai complété mon Bachelor of Science avec un Master en management des systèmes d’information à Grenoble Ecole de Management. Pendant cette année, plutôt qu’une alternance en entreprise, j’ai créé ma première société, Begame. A la fois salle de jeux vidéo et agence d’événementiel spécialisée dans le gaming et le e-sport, Begame avait pour vocation de recenser les salles afin de permettre aux joueurs compétitifs de s’entrainer et aux joueurs occasionnels à s’y rendre.

David Lenogue : Contrairement à Chedli, je suis resté en France pour mes études, d’abord à Cergy Pontoise pour un DUT technico-commercial puis une licence STAPS en management du sport. J’ai ensuite commencé à travailler et ai eu plusieurs expériences en startups.

Pourquoi les jeux vidéo ?

Chedli Ben Hassine : Tout petit déjà, je jouais aux jeux vidéo. Ce sont mes cousins qui m’y ont initié.

David Lenogue : J’ai commencé aussi tout jeune à jouer. Pour pouvoir jouer avec mes amis, j’organisais des rencontres et des tournois qui pouvaient durer toute la nuit, même si le lendemain nous avions cours. C’était déjà un peu dans l’esprit Lanslot. D’ailleurs, avec Lanslot, je retrouve ces moments.

Comment est né Lanslot ?

Chedli Ben Hassine : Nous sommes partis d’un constat simple qui est que le gaming isole les joueurs. Nous voulions donc leur proposer une solution pour se retrouver facilement et jouer ensemble. C’est ainsi que Begame a vu le jour. A mesure qu’on intégrait de plus en plus de salles de jeux, nous nous sommes dit que nous pourrions aller plus loin en créant une application mobile. Avec une application, nous pourrions réunir davantage de joueurs. Nous avons alors mis Begame en pause pour nous consacrer à ce nouveau projet, plus scalable.

David Lenogue : Au moment où Chedli voulait lancer Begame, j’avais le projet de reprendre mes études. Begame m’a tout de suite plu et j’ai décidé de me joindre à lui. Si ça ne marchait pas, je me disais que je retournerais sur les bancs de l’école. J’ai donc accepté un travail à temps partiel pour pouvoir me consacrer au développement de Begame.

Comment s’est constituée l’équipe Lanslot ?

Chedli Ben Hassine : David, mon co-fondateur, et moi nous nous connaissons depuis le collège. Pierre-Alexandre Chassier a intégré Lanslot après la création de la société. Il est le CTO du projet.

David Lenogue : Fin 2018, on a constitué une petite équipe pour développer l’application, notamment avec un designer et un développeur. Quant à Pierre-Alexandre, il a collaboré sur l’application durant des mois sans être payé ! Aujourd’hui, il est au capital de Lanslot, c’est notre façon de valoriser son investissement et les risques qu’il a pris.

Pourquoi l’entrepreneuriat ?

Chedli Ben Hassine : Très jeune déjà, je me lançais dans des projets et j’avais l’envie de créer ma société. On partait peu en vacances avec ma famille, donc je profitais des vacances d’été pour mener des projets, comme créer une association, ou m’intéresser au marketing de réseau. Pendant mes études supérieures, j’ai continué à être actif en faisant un stage pour le gouvernement américain et en assistant mes professeurs à la West Virginia University. En dernière année, j’ai collaboré à la création d’un jeu mobile qui a bien marché en Arabie Saoudite.

Je ne me vois pas suivre une autre voie que celle de l’entrepreneuriat. Il ne s’agit pas seulement d’une envie d’indépendance, mais aussi de vouloir créer ma propre expérience. J’ai plus appris en 3 ans d’entrepreneuriat, qu’en 20 ans à l’école. L’entrepreneuriat offre des opportunités uniques, que je n’aurais pas autrement. En qualité d’entrepreneur, j’interviens dans des conférences, sur des plateaux de télévision, sur les réseaux sociaux, je parle de mon métier, et je peux me consacrer à la création de contenus comme des podcasts. L’entrepreneuriat est une aventure avec des hauts et des bas, mais je suis sur un marché qui me passionne vraiment.

David Lenogue : Lors de mes expériences en startups, j’ai beaucoup observé la façon de travailler et de penser, ce qui m’a aidé à développer une vision entrepreneuriale, c’est-à-dire une façon de faire qui va dans le sens d’une optimisation et d’une rentabilité. Cette vision, je préfère aujourd’hui l’exploiter pour valoriser mes projets. Je pense aussi que pour sécuriser son emploi, il vaut mieux créer sa propre affaire et la faire réussir.

LA LEVEE DE FONDS

Comment avez-vous connu le Réseau WeLike ?

Chedli Ben Hassine : David et moi avons participé à deux éditions du WeLikeStartup Challenge, puis à la sélection de startups pour le Grand Prix Business Angels 2019. Après ce dernier événement, Tom Rousselot nous a contactés. Lors des deux premières présentations, Lanslot était en effet encore trop jeune. La troisième fois, le projet était plus avancé : nous avions mené une campagne de crowdfunding qui nous avait permis de recueillir 8 000€ et nous étions passé par l’incubation. De plus, nous avions travaillé le design avec des visuels et un prototype de l’application. Ce dernier point nous a vraiment aidé car les Business Angels ont pu visualiser le projet.

David Lenogue : Dès le premier Challenge, Alain Ilhe nous avait repérés. C’est lui qui nous a conseillé de nous focaliser sur le développement d’une application, beaucoup plus scalable, que de se lancer dans l’ouverture de salles physiques.

Que vous a apporté le mentorat ?

Chedli Ben Hassine : En février 2019, nous avons rencontré Tom Rousselot, Alain Ilhe et Jean-Thierry Augustin qui ont décidé de nous accompagner personnellement dans la structuration de notre projet et la préparation de notre levée de fonds. Tous les trois nous ont fait travailler sur l’ensemble des sujets, de l’organisation au modèle économique, sur notre pitch deck et notre business plan jusqu’aux pitchs de présentation. Cet accompagnement a été une aide précieuse pour préparer la levée de fonds sereinement tout en nous permettant de poursuivre le développement de notre application.

David Lenogue : L’un des challenges quand on veut lever des fonds est de montrer la fiabilité de son projet mais aussi sa fiabilité financière dans le temps. Cet accompagnement nous a permis de nous positionner à la fois du côté du développement projet mais aussi de sa monétisation. Nous avons beaucoup appris sur la façon de gérer notre trésorerie, en restant cohérents et prudents. Chaque dépense est réfléchie. Nous avons conscience que nous sommes encore loin du succès avec Lanslot, mais avec les fonds levés, nous savons que nous avons toutes les cartes en main pour réussir. A nous d’en faire le meilleur usage possible !

Comment les Business Angels ont-ils accueilli Lanslot ?

Chedli Ben Hassine : Les Business Angels se sont très vite montrés intéressés et ont bien accueilli le projet mais aussi notre équipe. Les différentes réunions ont servi à entrer dans les détails techniques et financiers du projet, à définir nos besoins. Nous recherchions 300 000€ pour alimenter la partie commerciale, investir en R&D, développer le marketing et la communication.

Au départ, certains Business Angels ne comprenaient pas bien le projet et le monde du gaming en général d’où l’accompagnement atypique dont nous avons fait l’objet. Nous avons beaucoup travaillé notre discours pour ne pas perdre notre audience avec des termes techniques, des explications complexes. Quand les Business Angels ont compris que Lanslot pouvait s’appliquer aussi aux jeux de plateau comme le bridge, la belote ou le scrable, ils ont davantage compris les enjeux et le potentiel de Lanslot. Je me rappelle un Business Angel qui s’était montré dubitatif face aux chiffres assez importants du marché du gaming. Or, en discutant avec lui, il m’a appris qu’il jouait lui-même à un jeu mobile, en réseau. Il était précisément la cible de Lanslot, sans même s’en apercevoir.

David Lenogue : Nous avons également fait un travail d’explication sur les études de marché sur le e-sport. En effet, les études avancent des chiffres qui peuvent être mal interprétés car on ne réalise pas vraiment ce qu’ils englobent. Le e-sport, ce n’est pas seulement Fifa ou MarioKart ; c’est aussi Candy Crush, les échecs et la belote. Le marché est beaucoup plus vaste qu’on peut le penser.

Comment se déroulent les réunions du Comité Stratégique ?

Chedli Ben Hassine : Nous nous retrouvons un fois par mois pour présenter l’avancée du projet, se fixer des deadlines, réfléchir sur le produit et le marketing.

Avec la crise du Covid-19, nous avons bénéficié de l’aide de nos mentors qui nous ont aidés à appliquer des mesures mises en place, comme le PGE.

David Lenogue : Pendant cette crise, nous nous sommes justement vus plusieurs fois pour prendre des mesures importantes pour la société, comme réduire le budget marketing à zéro ou nous séparer d’un stagiaire. Nous avons aussi revu notre stratégie : nous avons décidé de nous focaliser sur le développement de l’application et de créer une communauté d’utilisateurs conséquente, qui sera notre valeur quand nous approcherons les marques et bars gaming à la rentrée de septembre. Nous travaillons donc activement à optimiser l’application le plus possible.

Quels conseils donneriez-vous à des startups qui souhaiteraient lever des fonds ?

Chedli Ben Hassine : Je crois qu’il est important d’arriver au bon moment, idéalement avec un prototype et des visuels, afin de montrer concrètement ce que l’on souhaite réaliser. Il est aussi important de préparer son discours, d’être clair dans ses explications et de vulgariser sa présentation en évitant les termes techniques qui peuvent perdre les investisseurs. Toujours dans l’optique d’être convaincant et de rassurer, je dirais qu’il est bon de préparer son prévisionnel financier, pour montrer comment on aspire à la rentabilité.

David Lenogue : Je leur conseillerais d’être accompagnées, même si leur projet est encore très jeune, car elles y gagneront toujours, même juste à recevoir des conseils. J’appréhendais d’être face à des personnes qui détruisent notre projet. Au contraire, j’ai rencontré des personnes bienveillantes dont les conseils ont positivement influencé l’orientation de Lanslot.

Face aux Business Angels, je pense qu’il faut être honnête et transparent, montrer qu’on travaille et qu’on fait des sacrifices pour réussir le projet. C’est le meilleur moyen de convaincre des investisseurs de nous suivre. Les petites erreurs et les imperfections passeront mieux si on prouve qu’on est impliqués.

LES PROJETS

Où en est Lanslot ?

Chedli Ben Hassine : En septembre 2020, nous lancerons notre offre BtoB. C’est une solution Saas pour les gérants de salles de jeux leur permettant de gérer leurs salles, de les promouvoir sur l’application, d’analyser la fréquence et le degré de satisfaction des joueurs dans leurs salles. Après la sortie au cours du mois de juillet de la nouvelle version de l’application sur IOS et Android, nous nous étendrons aux pays francophones (Belgique, Luxembourg, Suisse).

Contact rédaction :

Kathy Percevejo – Chargée de communication WeLike – kathy.percevejo@welikestartup.fr

Article rédigé en juillet 2020