Des compléments alimentaires pour se soigner
Michel Fabre Curtat revient sur son investissement et sa sortie de la startup Nutrivercell.
« Il y a dans les biotech des étapes très importantes à respecter pour mettre en vente un produit. Il faut être très patient pour obtenir les résultats qui garantiront son succès, et s’entourer d’une équipe solide ».
Créée en mars 2009 par Loïc Renard, docteur en pharmacie, Nutrivercell est une société spécialisée dans la conception, la formulation et le développement de compléments alimentaires innovants. Entouré d’une équipe de chercheurs et associé à l’Université de Bordeaux, l’entrepreneur se lance dans une levée de fonds en 2010 afin d’initier les essais cliniques pour son premier alicament, le Duab, et lancer ensuite sa commercialisation.
Le projet
Le premier produit développé par Nutrivercell, le Duab, propose une formule innovante pour soigner les infections urinaires. Alors que la canneberge est déjà connue et exploitée pour ces vertus anti-oxydantes, l’équipe de Nutrivercell a l’idée de lui associer le propolis (puissant anti-bactérien) pour proposer un nouveau traitement des cystites.
Michel Fabre Curtat découvre Nutrivercell a l’occasion d’une session de pitch organisée par Trianon Angels (qui intégrera plus tard le Réseau Investessor) : « C’était un projet très innovant, avec une formulation nouvelle pour le traitement des cystites qui se faisait jusqu’alors principalement avec des extraits de canneberge ».
Le développement
La levée de fonds est finalisée en avril 2010. Plus d’une quarantaine de Business Angels entrent au capital de la société, en provenance notamment des réseaux Trianon Angels, XMP, PBA, Angels Santé. Avec les fonds et le soutien de ses investisseurs, Nutrivercell entame des essais cliniques qui se révèlent concluants et qui répondent aux normes des compléments alimentaires. En 2013, le chiffre d’affaires de la société double et en 2014, Duab se positionne parmi les compléments alimentaires leader du traitement des infections génito-urinaires, auprès des grands groupes pharmaceutiques déjà bien implantés sur le marché.
Dans la foulée de ce beau succès, Loïc Renard lance un nouveau produit : Neogil, et s’attaque cette fois au domaine de l’inflammation. Neogil est développé en partenariat avec l’Université de Bordeaux pour diminuer et supprimer les douleurs liées à l’arthrose et à l’arthrite. Combinaison de principes actifs extraits du raisin rouge et du propolis, Neogil apparait comme tout aussi innovant que son aîné. Sur la base d’une première publication scientifique mettant en lumière les bienfaits du Neogil, Loïc Renard lance la fabrication du Neogil et sa commercialisation auprès des distributeurs. Les essais cliniques menés, bien que concluants, sont insuffisants et tardent à apporter la validation nécessaire au produit au sein des pharmacies. Finalement, le Neogil ne trouve pas sa place dans les officines où de grands groupes, comme Arkopharma, sont déjà bien positionnés sur le même segment.
La sortie
En 2017, Loïc Renard se rapproche d’un cabinet pour accompagner la cession de la société (uniquement sur la base de son produit phare, le Duab) et la sortie des Business Angels du capital. La société Cosmos en fait l’acquisition avec pour objectif de poursuivre les recherches dans le domaine des infections, avec l’aide de l’INSERM de Nîmes et de l’Université de Bordeaux. En dépit d’une plus-value intéressante, Michel Fabre Curtat déplore que Nutrivercell n’ait pas exprimé tout son potentiel : « Il y a dans les biotech des étapes très importantes à respecter pour mettre en vente un produit. Il faut être très patient pour obtenir les résultats qui garantiront son succès, et s’entourer d’une équipe solide ».
Article rédigé en juin 2020