10 novembre 2020

François Xavier Ferrario - Business Angel

Portrait de Business Angel WeLikeAngels

François-Xavier Ferrario a fait l'essentiel de sa carrière dans la banque, plus spécifiquement la finance et l'audit. Il y a acquis de la polyvalence, qu'il a complétée en développant une expertise dans la prévention et la gestion des risques et des crises. Après plusieurs mobilités, il a longtemps séjourné à Toulouse (où par exemple, en matière de crise, il a contribué à gérer les conséquences de l’explosion de l’usine AZF), puis s’est installé à Paris pour travailler au Crédit Foncier. Plus tard, il a intégré OSEO, la banque des PME (devenue ensuite BPI France) comme Inspecteur Général. Il y a découvert le monde du financement de la recherche et de l'innovation. En 2014, lors de sa retraite, il s’est associé à la création de fintechs puis s’est lancé dans l’activité de Business Angel à Paris et Toulouse. Très désireux de partager ses expériences et de soutenir les créateurs, il conseille à Toulouse de jeunes ingénieurs qui se lancent dans des projets, préside un club d’investissements boursiers composé d'investisseurs débutants. Il compte une dizaine de participations dans des startups.

VOTRE VISION

Qu’est-ce qu’un Business Angel pour vous ? 

Etre Business Angel, c’est aider, éclairer, être en appui d’un entrepreneur, pour lui apporter notre expérience et nos conseils. C’est également investir pour aider à la création et au développement d'entreprises, puis ré-investir ensuite les succès et multiplier ainsi les projets soutenus.

Comment êtes-vous devenu Business Angel ?

Je le suis devenu un peu par hasard. Je connaissais l’activité de loin, elle m'intéressait, mais, en tant qu’Inspecteur général, j’étais soumis à des obligations professionnelles qui entraient en conflit avec l’activité de Business Angel. Il me tardait, dès ma retraite, de pouvoir « passer de l’autre côté », d’intervenir directement dans les entreprises, en toute liberté. J’ai découvert le Réseau WeLikeAngels Investessor à l’occasion de rencontres à Paris. A Toulouse, je suis devenu Business Angel par l’intermédiaire d’une amie.

Qu’est-ce qui vous motive ? 

Le simple fait de pouvoir être Business Angel, c’est-à-dire d'analyser des projets, de soutenir comme je le peux des créateurs, alors que cela ne m'était pas permis durant mon activité professionnelle. Du fait de mes responsabilités, je devais garder de la distance avec tous les clients de la banque, les entreprises et leurs dirigeants. A présent, je peux avoir des relations directes de partage, d’échanges et de collaboration avec eux.

Quels sont vos objectifs ? 

Mon seul objectif concerne le volume de mes investissements. Je me fixe une enveloppe annuelle qui me permet de financer 4 à 5 startups. Je suis assez sélectif, afin de respecter ces limites, et me tourne plus naturellement vers les projets industriels et technologiques. L’activité étant par ailleurs risquée, je gère ce patrimoine comme le ferait un banquier pour ses financements : analyse, sélection, décision et mise en oeuvre, suivi enfin.

VOS EXPERIENCES

Quels sont vos critères de sélection ? 

Je commence par m’intéresser au projet, son modèle, et à sa viabilité. Ensuite, je regarde l’équipe. Ce point étant difficile à cerner, je m’appuie beaucoup sur l’opinion et l'expérience des autres Business Angels. J'analyse aussi le marché et les capacités de développement de la société. Enfin, j'évalue les différentes natures de risques du projet et je suis attentif en particulier aux protections des savoir et savoir-faire, brevets, sécurité informatique ... Je trouve qu’il y a beaucoup de sous-estimation des risques en la matière et pas assez de méfiance.

Tout ce qui est financier étant de l’ordre du prévisionnel, ce qui implique une forte marge d’erreur ou d'incertitude, je regarde plutôt la cohérence des données et des projections. Je préfère me concentrer sur les aspects plus rationnels et mesurables du projet.

Quelles expériences retenez-vous ? 

Je pense être complaisant avec les entrepreneurs, on me le dit parfois aussi. La vérité est que je ne peux pas accabler les personnes ou leur dire que leur projet est nul. Au contraire, je préfère les encourager à réfléchir, à revoir leur idée, tout en valorisant leurs efforts et l’énergie qu’ils y mettent. Dans mon métier, j'ai été amené à dire des choses pas toujours agréables aux personnes que je contrôlais ou à leur imposer des évolutions, lorsque la situation l'exigeait. A présent, je peux plutôt aider les porteurs de projets à anticiper les risques, développer leurs qualités ou améliorer leurs capacités, ce qui leur permettra de réussir. Je suis aussi attentif à leur capacité d'expression, être clair, convaincre, emporter l'adhésion, surtout s'ils ambitionnent d’atteindre une dimension internationale. En tant que Business Angel, nous accompagnons beaucoup de jeunes qu'il nous faut préparer à assumer des responsabilités d'entrepreneur, de patron, de manager. Ils choisissent une voie où ils ne connaitront pas les 35 heures, mais ils auront des satisfactions et des expériences que d’autres n'auront pas. Pour moi, un Business Angel doit être un peu comme un parent : il laisse faire et suit de loin mais, en cas de problème, il est là pour écouter et conseiller.

VOTRE BILAN

Quel bilan faites-vous aujourd’hui ? 

Je retire une très grande satisfaction de cette activité, aussi bien personnelle que professionnelle. D’un point de vue personnel, j’y trouve exactement ce que je cherchais, c’est-à-dire rencontrer des porteurs motivés et passionnés, à l’écoute des conseils, que je peux aussi aider à réussir par mon investissement financier. Je m’exprime ainsi pleinement à travers le partage de mes expériences et de mes compétences. D’un point de vue professionnel, je peux mettre au service des entrepreneurs la polyvalence que j’ai acquise, en particulier dans la prévention et la gestion des risques. Si je ne devais conserver qu’une seule des activités que j'exerce aujourd’hui, ce serait celle de Business Angel.

Pour l’instant, je n’ai pas connu d’échec dans mes investissements. Quand cela se produira, je crois que je reprendrai le dossier pour l’étudier, chercher où j'ai fait une erreur et améliorer l'analyse de mes prochains investissements.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait se lancer ? 

Je lui dirai d’être passionné par les créateurs et leurs projets, de s’engager avec et pour eux, de toujours les encourager à persévérer, même quand on doit leur dire « non ».

Pour moi, être « angel » est au moins aussi important que de réussir le « business ».

Contact rédaction :

Kathy Percevejo – Chargée de communication WeLike – kathy.percevejo@welikestartup.fr