Marie-Catherine Boinay - Business Angel
Portrait de Business Angel
Directrice financière, Marie-Catherine a travaillé pendant 30 ans au sein du cabinet d’audit PwC puis du groupe Danone où elle a exercé différentes fonctions en animant de larges équipes. Elle a également vécu 4 ans au pays du soleil levant où elle a travaillé en qualité de consultante. A l’occasion d’un échange avec un ami rencontré au Japon et membre du réseau Investessor, elle décide de tenter l’aventure Business Angel. Marie-Catherine est Business Angel Investessor depuis le début de l’année 2019.
Qu’est-ce qu’un Business Angel pour vous ?
L’activité de Business Angel comprend deux faces qui me semblent indissociables : le côté business et le côté angel.
La partie business, c’est l’investissement financier dans un projet auquel on croit et qui permettra de faire une plus-value bénéfique à tous, Business Angels comme entrepreneurs. La dimension business comprend aussi la contribution à la stratégie de la startup et à son développement.
La partie angel renvoie au fait qu’un Business Angel intervient à un stage très « early » du développement de la startup. Sans lui, le projet ne verrait pas le jour ou, du moins, ne décollerait pas. La dimension angel se retrouve ensuite dans l’accompagnement des porteurs de projets et dans la relation qui se construit, relation empreinte à la fois de bienveillance et d’exigence. Pour ma part, cela se traduit par le fait de challenger les entrepreneurs sur leur projet, leur business plan ou encore leur stratégie, mais toujours dans l’optique de faire progresser le projet. Etre angel, c’est aussi faire jouer son réseau professionnel et personnel.
Pourquoi avoir choisi de devenir Business Angel ?
Ma première motivation est de contribuer au développement de startups. C’est l’entrepreneuriat qui m’attire. Par ailleurs, en discutant avec mon ami Business Angel, cela m’a permis de démystifier l’activité, surtout du point de vue financier et des montants investis, qui me sont apparus accessibles pour moi.
En investissant là où les banques ou les fonds se montrent frileux car le risque est important, être Business Angel me donne le sentiment de contribuer modestement au développement économique de la société, à la « Startup nation ».
Pourquoi avoir choisi Investessor et quels sont vos objectifs ?
J’ai été séduite par le fonctionnement du réseau Investessor qui mise beaucoup sur l’intelligence collective de ses Business Angels, tout en permettant de garder son indépendance dans la décision d’investir ou non. La richesse du réseau repose également sur son professionnalisme et ses process bien établis : comité de sélection, elevator pitch, instruction, roadshow, pacte d’actionnaires... A chaque étape, les méthodes sont claires et nous avons une équipe dynamique et des outils à disposition, notamment une plateforme digitale.
Côté objectif, je me suis fixée une enveloppe d’investissement à répartir sur 5 participations pour cette première année d’activité. J’estime que cela permet d’assurer un suivi dans le temps.
Y a-t-il des secteurs d’activité qui vous intéressent particulièrement ?
Après plus de 20 ans chez Danone, je suis naturellement intéressée par tout ce qui touche aux biens de consommation. Je suis également sensible aux projets ayant un impact environnemental et sociétal, ainsi qu’à ceux qui utilisent de manière positive et raisonnée l’Intelligence Artificielle.
Racontez-nous comment s’est passée votre intégration au sein d’Investessor.
J’ai assisté à un Elevator Pitch où j’ai été très bien accueillie et briefée sur le principe de cet événement récurrent. J’ai apprécié la convivialité et la simplicité des échanges avec les membres du réseau. J’ai suivi quelques sessions de formation animée par Investessor et fort utiles pour découvrir les différents aspects de l’activité de Business Angel. Par la suite, je me suis engagée dans l’instruction de deux dossiers, en collaboration avec Patrick Mamou-Mani pour l’un et Jean-Pierre Laparre et Grégoire Argenton pour l’autre. Je les remercie d’ailleurs pour ces deux expériences très formatrices.
Quels sont les projets que vous avez instruits ?
J’ai choisi deux projets qui me tenaient à cœur : Dreamtim Blooming qui révolutionne l’hygiène féminine en fabriquant et commercialisant des culottes fonctionnelles et lavables et Lingua Custodia qui applique l’Intelligence Artificielle à la traduction de documents financiers. Le premier projet est porté par une femme et j’en apprécie la dimension sociétale. Le second touche à un domaine que je connais et pour lequel j’ai tout de suite perçu l’intérêt.
L’instruction permet 1/ de déterminer si oui ou non le dossier tient la route et 2/ de commencer à nouer une relation de confiance avec le porteur de projet. En qualité d’instructeurs, nous représentons le réseau des Business Angels.
Quels sont vos critères de sélection des projets ?
Je favorise les projets à fort impact social et environnemental ainsi que l’entreprenariat féminin. J’ai été étonnée, en intégrant le réseau, de découvrir que l’équipe figure parmi le premier critère de beaucoup de Business Angels, loin devant le projet. Avec l’expérience et le recul, je le comprends et place également l’équipe en tête de liste, avec une préférence pour que les fondateurs soient deux. Je pratique ensuite un exercice qui consiste à tester ma compréhension du projet en l’expliquant autour de moi et recueillant les réactions et les questions.
Quelles sont les qualités d’un Business Angel d’après vous ?
Tout d’abord, la curiosité : un Business Angel doit être curieux de nouveautés, qu’il s’agisse de projets, de personnes ou d’activités. Il doit également savoir équilibrer bienveillance et exigence vis-à-vis des fondateurs. Enfin, il doit disposer d’un patrimoine financier qu’il cherche à faire fructifier sans que sa perte n’altère son niveau de vie.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait devenir Business Angel ?
Je lui recommanderais de rejoindre un réseau, pour faire jouer l’intelligence collective, et d’assister aux sessions de pitchs. J’insisterais sur l’importance de se fixer des objectifs en adéquation avec les enjeux de l’activité, à savoir qu’ils doivent prendre en compte le risque de perte de l’investissement. Enfin, je lui dirais de prévoir du temps car c’est une activité qui en exige. A titre personnel, j’y consacre un à deux jours par semaine.