14 avril 2020

Michel Hamou - Business Angel

Portrait de Business Angel

Ingénieur en informatique diplômé de SUPINFO, Michel se découvre très tôt la fibre entrepreneuriale. Avant même sa sortie de l’école, il fonde, avec deux associés, sa première entreprise : une société de services informatiques qu’ils développent pendant 6 ans avant de la vendre à une SSII française. Après quelques temps au sein de la SSII, il fonde en 1995 une deuxième entreprise avec l’un de ses précédents associés : ALTI, qui sera vendue en 2013. En 2014, Michel devient Business Angel au sein d’Investessor. Il a actuellement investi dans une dizaine de startups.

VOTRE VISION

D’après vous, qu’est-ce qu’un Business Angel ?

Un Business Angel est une personne qui décide de soutenir des projets entrepreneuriaux en investissant dans le capital de l’entreprise et en essayant de contribuer à leur réussite. C’est donc un investisseur qui croit au projet qu’il soutient et qui a envie de participer à son développement.

Quel(le)s sont vos motivations, vos attentes/objectifs ?

Par cette activité, au delà du retour sur investissement, je cherche surtout à découvrir de nouveaux secteurs d’activités et de nouveaux modèles économiques d’entreprise. Ce qui me motive, c’est de m’impliquer auprès des porteurs de projets en apportant des conseils et en réutilisant ma propre expérience. Je trouve justement très intéressant de voir comment mon expérience passée peut servir à d’autres entrepreneurs.

Quel est le profil d’un Business Angel ?

Pour moi, il n’existe pas de profil type. Les Business Angels ont des profils très diversifiés et cette diversité représente une véritable richesse pour une startup. Souvent, les Business Angels sont d’anciens entrepreneurs, mais ce n’est pas une condition absolue.

Je fais surtout la différence entre un investisseur passif, peu impliqué dans le projet, et un Business Angel qui a envie de contribuer et apporter son aide aux managers de la startup.

VOS EXPERIENCES

Quels sont vos critères de sélection ?

Je n’ai pas de liste de critères formellement établie, mais deux points viennent très souvent en tête de liste : l’appréciation de l’équipe et l’appréhension du produit (et de son marché).

La qualité de l’équipe me semble primordiale, en particulier l’ambition du porteur de projet, qui doit ressortir dans son discours mais également dans le business plan. Je vois souvent passer des projets qui semblent intéressants, portés par des équipes a priori performantes, mais que j’estime peu ambitieux. Même s’il est normal de prévoir une croissance modérée au cours des premières années, j’estime que l’on doit viser ensuite des taux de croissance et de rentabilité élevés. Je pense que l’une des conditions de réussite d’un projet est que le porteur affirme d’emblée son ambition et sa volonté de réussir. Le business plan est évidemment une feuille de route qu’on sera amené à ajuster au fil du temps mais il traduit la vision que l’équipe a de son projet.

Quelles ont été vos réussites en termes d’investissement ?

Je suis sorti du capital de deux sociétés, parmi la dizaine dans lesquelles j’ai investi. Les deux investissements ont été un succès, dont un plus particulièrement puisqu’il s’agit de Voodoo. J’ai d’ailleurs fait partie du Comité Stratégique de cette dernière, ce qui m’a permis d’être en prise directe avec l’entreprise et ses dirigeants.

Dès le départ, j’ai beaucoup apprécié la stratégie des fondateurs de Voodoo qui était clairement définie et très ambitieuse. Par la suite, ils sont restés fidèles à leur vision et leur objectif de devenir un leader sur leur marché, sans rien sacrifier au court terme.

L’autre investissement duquel je suis sorti est Le livre scolaire. Comme précédemment, les porteurs du projet m’ont inspiré confiance dès le début. De plus, compte tenu de la qualité des entrepreneurs et des assets, le projet présentait, à mon avis, un risque limité. Le point à regretter est peut-être le fait que nous sommes sortis un peu tôt. Le projet avait probablement encore du potentiel de plus-value sur une plus longue durée.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?

Les difficultés que j’ai pu rencontrer sont liées aux lacunes de certains porteurs de projets en matière de management. Ce n’est pas facile à identifier lors des premiers contacts. Cela devient flagrant un peu plus tard, quand les dirigeants doivent faire face à différentes problématiques opérationnelles au quotidien. Avant même la notion de compétences, je pense que ce qui est en jeu, c’est le comportement de chef d’entreprise (et le fait d’assumer toutes les facettes et responsabilités de cette fonction).

Par ailleurs, on rencontre parfois des entrepreneurs qui ont du mal à mettre en place et fournir des indicateurs de suivi, puis à prendre le recul nécessaire pour analyser leurs résultats et leur évolution. Les Business Angels doivent alors entrer dans une démarche de sollicitation pour obtenir un point régulier sur la situation en toute transparence. Les entrepreneurs sont pourtant en position de définir eux-mêmes leurs propres règles du jeu, à savoir quels indicateurs suivre et avec quels objectifs.

VOTRE BILAN

Quel est votre bilan ?

Avec deux sorties de capital réussies, mon bilan est très positif. Etant encore au capital d’une dizaine de startups, je constate qu’il est compliqué de suivre le flot de nouveaux projets qui nous sont proposés au sein du réseau. Chaque startup exige du temps pour découvrir et comprendre le projet, faire connaissance avec les porteurs, s’approprier le business plan.