9 avril 2020

Michel Pradignac - Business Angel

Portrait Business Angel

Michel a fait carrière comme dirigeant dans le domaine de l’énergie. Diplômé de Centrale Paris, il a participé à la création de CentraleSupélec Business Angels (CSBA) et a rejoint Investessor en 2013 par le partenariat qui lie ces 2 réseaux. Depuis, il a investi dans plusieurs startups.

VOTRE VISION

Qu’est-ce qu’un Business Angel d’après vous ?

Un Business Angel est une personne passionnée par la création et la croissance des startups. Il accompagne le porteur de projet avant, pendant et après la levée de fonds. C'est bien plus qu'un simple investisseur.

Quelles sont vos motivations et vos objectifs ?

Ma motivation principale est de favoriser la réussite des jeunes qui prennent des risques, pourvu que le projet ait du sens. Mon principal objectif est que le porteur de projet que nous accompagnons soit conforté dans son idée de créer son business, qu'il réalise qu'il peut dialoguer en confiance avec nous, tout en restant suffisamment libre de ses choix d'entrepreneur. J'aime aussi être surpris par des projets "décalés". J'apprécie aussi les interventions qui se situent très en amont des projets, comme nous le faisons par exemple à CSBA afin de repérer et d'accompagner des projets innovants, portés parfois par des étudiants qui peuvent n'avoir pas encore quitté l’école. Au sein d'Investessor, j'ai un réel plaisir à participer au comité de sélection des dossiers.

Quel est le profil d’un Business Angel ?

Chez Investessor, les Business Angels ont des profils très différents. Il n'y a pas de profil-type monocolore, et c'est ce qui me plait! Cette diversité est une véritable richesse, à la fois pour les porteurs de projet et entre nous. Pour ma part, j'ai une longue expérience de management transverse, et j'apprécie les apports de collègues plus spécialisés, métiers ou marchés. Chacun apporte son expertise et nous nous complétons dans nos approches des projets. Un point nous réunit tous : la capacité à apprécier, rapidement et dans sa globalité, la qualité d'un projet. J'ai passé près de 20 ans à dialoguer avec d'autres dirigeants à l'APM (Association Progrès du Management). J'y ai compris à quel point l'intégration de cette diversité de points de vue était importante, hier comme manager, aujourd'hui comme Business Angel.

VOS EXPERIENCES

Quels sont vos critères de sélection ?

Je fonctionne de plus en plus au feeling, et mon ressenti de la qualité de l'équipe est central! Bien sûr j'apprécie les outils et les process de plus en plus rigoureux que WLS nous met à disposition, qui nous permettent d'objectiver nos choix. Mais je les utilise principalement pour essayer de qualifier la cohérence globale du projet, qui est pour moi un point très important. Et j'essaie maintenant de me projeter dans l'avenir : le porteur de projet a-t-il le potentiel pour devenir, d'ici notre sortie, le manager adapté pour passer à la vitesse supérieure?

Je n'ai pas, a priori, de secteur d'activité de prédilection. J’apprécie particulièrement les projets portés par des équipes multiculturelles et par des jeunes. Et quand il n'y a pas de femme dans l'équipe, méfiance... Je suis ouvert à des projets utopiques, qui touchent à des sujets surprenants, tant qu’ils restent lucides par rapport aux contraintes de la bonne exécution.

Quelles ont été vos déceptions ?

Elles ont été peu nombreuses, mais un peu douloureuses. Mon tout premier investissement : levée en mai, liquidation en septembre, le projet n'a pas passé l'été! J'en ai tiré beaucoup de leçons, notamment sur le profil de l'équipe et les fondamentaux d'un projet. Situation inverse mais tout aussi frustrante, un projet qui n'a pas dépassé le stade du closing. Le projet m’attirait pourtant, mais j'ai suivi le mouvement. Aujourd’hui, cette startup est une pépite, leader de son secteur.

Avec l’expérience, j’ai revu mes critères, d’où l’importance de s’en fixer. Souvent, une opinion générale s'exprime, en faveur ou contre un projet. Il faut rester lucide, se faire son idée et se fier à ses propres critères de sélection. Le fonctionnement d'Investessor donne plein d'occasions d'échanges informels entre nous et avec l'instructeur du projet, elles sont aussi importantes que les réunions de closing.

Avez-vous une expérience positive à partager ?

Beaucoup! D'abord l'ambiance générale et le fonctionnement du réseau, libre et qui respecte les opinions de chacun. Côté startup, dans mes choix d'association, par exemple avec les startups Citygoo et Yogurt Factory. Même s’il est encore tôt pour se prononcer sur leur succès, je considère ces deux projets comme très positifs : dans les deux cas, la croissance est spectaculaire, il y a une vraie création de valeur et d'emplois.

Je pense aussi évidemment à Voodoo, pour lequel je ne regrette pas un échange de quelques minutes avec Alain devant la mairie du 15ième!

VOTRE BILAN

Quel bilan faites-vous de votre activité de Business Angel ?

Mon bilan est extrèmement positif. J'ai le sentiment d'un enrichissement permanent, que se soit par les formations ou les échanges avec les autres BA de l'association, sans oublier les permanents d'Investessor et de WLS. Il me semble que le réseau a atteint un très bon niveau de professionnalisme vis à vis des startups. Mais nous demandons parfois beaucoup, pour nous rassurer, ce qui a pu même fragiliser certains porteurs de projet. C'est une histoire d'équilibre entre la rationnalité des chiffres et le feeling qu'on éprouve vis à vis du projet et de l'équipe. N'oublions pas que, pendant la levée, la vente continue!

Que conseilleriez-vous à une personne qui souhaiterait devenir Business Angel ?

De se jeter à l'eau! D'essayer de voir beaucoup de projets, de beaucoup échanger avec ses pairs, et d'être au clair quand au but qu'on poursuit en devenant