17 janvier 2023

Nannybag, la consigne à bagages pratique :

Michel Puharré, Business Angel Investessor, revient sur son investissement et sa sortie de capital de la startup qui réinvente la consigne.

Nannybag a été créée en janvier 2016 pour répondre à une problématique que rencontrent beaucoup de voyageurs : celle de faire garder son bagage. Grâce à un réseau de commerces, restaurants et hôtels dans plus de 500 villes, Nannybag permet aux voyageurs de déposer leur bagage à toute heure dans l’un de leurs lieux partenaires afin de pouvoir se déplacer librement.

La startup a réalisé sa première levée de fonds en 2017, pilotée par le Réseau WeLike et à l’occasion de laquelle Michel Puharré, Business Angel Investessor, est entré au capital. Après une crise sanitaire qui a durement touché le secteur du tourisme, la startup a intégré le Groupe La Poste (avec 49% de capital acquis) afin d’enrichir son offre de service (en particulier Pick Up, son réseau de relais colis). Belle réussite, les investisseurs peuvent se féliciter d’avoir fait une plus-value. Aujourd’hui, Nannybag, ce sont 10.000 points relais dans le monde, dont 20% en France. Son fondateur, Matthieu Ballester, est toujours en activité pour continuer de développer Nannybag grâce au soutien industriel et financier de La Poste.

Comment avez-vous découvert Nannybag ?

Michel Puharré : Mon épouse et moi avons découvert NannyBag lors d'un Elevator Pitch organisé par Investessor. La rencontre physique avec les dirigeants semble être un élément important de notre décision. En effet, lors du pitch, le Business Angel utilise aussi son intelligence émotionnelle et regarde le degré de sympathie que dégage l’équipe. On n’a pas envie de suivre une équipe qui ne serait pas sympathique, même si le projet semble rationnel.

Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce projet ? Pourquoi y avoir investi ?

Michel Puharré : Comme indiqué précédemment, la rencontre avec les personnes qui portent le projet est importante ; le sujet aussi. Je choisis des sujets qui ne sont pas forcément en lien direct avec mon activité actuelle dans les télécoms, pour éviter peut-être des conflits d’intérêt mais aussi pour élargir ma vision de l’entreprise. Je sais que d’autres Business Angels se concentrent sur un secteur d’activité : médical, High Tech… Nous recherchons plus la diversité.

Nannybag répondait à un besoin concret que nous avions eu en voyage à Barcelone. En effet, il n'y avait à l'époque que trois consignes en centre-ville et aucune proche de notre location, une vraie douleur pour le touriste obligé de traverser la ville pour faire garder ses bagages. Bref, un service à valeur ajoutée que nous comprenions et que nous aimerions avoir plus souvent.

Quels étaient les points faibles/points de vigilance du dossier à ce moment-là ?

Michel Puharré : Le point de vigilance était la concurrence. Sur un marché à valeur ajoutée ne nécessitant pas beaucoup d’investissement en capital productif, sans vraiment de barrière à l'entrée, la concurrence est forcément forte, mais avait été un peu sous-estimée. Les startupers sont assez enclins à penser qu'ils sont les seuls à avoir eu la bonne idée sur leur marché.

Comment s'est passée la rencontre avec les fondateurs ? En quoi l'équipe vous paraissait en capacité de mener le projet ?

Michel Puharré : Les fondateurs formaient la bonne paire : l'un commercial, l'autre technique. Il n'était pas à 50/50 dans le capital (erreur classique de certaines paires de startupers), le commercial était le patron, l’informaticien était très fort en SEO, c’est-à-dire en optimisation sur Google – Nannybag remontait très haut dans les recherches Google. A notre époque d’Internet, une startup se doit d’avoir une bonne présence sur le Web, une sous-représentation est suspecte. Ils étaient assez agiles dans leur démarche (dans le choix des pays par exemple, en fonction des opportunités).

Comment suiviez-vous le développement de la startup ? Y a-t-il eu des difficultés/moments de tension ? Comment cela a été dépassé ?

Michel Puharré : Une des difficultés est sans doute de demander un tableau de bord périodique à l’équipe, qui pense plus à l’opérationnel qu'au reporting à des Business Angels. Il y a eu de ce côté une frustration ; on ne devrait pas avoir à demander cela.

Par ailleurs, la COVID 19 a chamboulé les cartes et a durement touché le secteur du voyage et du tourisme sur lequel Nannybag prospérait. Cela a été assez brutal, mais les dirigeants se sont montrés très résilients. Cela a toutefois créé chez les investisseurs de grosses craintes.

Comment s'est présenté le sujet de la sortie de capital des Business Angels ?

Michel Puharré : La sortie par un rachat par une filiale d'un grand groupe nous est apparue comme une bonne chose (on rappelle qu'on avait eu très peur pour Nannybag lors de la période COVID).

Lors de la sortie, on commence à lire (ou à relire) le Pacte d'Actionnaire. En effet, lors de la signature, les clauses de sortie ne sont pas celles qu’on regarde en priorité. Certaines clauses ont dû être réécrites, puis acceptés en Assemblée Générale. Il apparait alors des questions sur les parts de chacun en fonction de la période de levée de fond : certains estimant que ceux qui ont investis lors de la première levée de fond avaient pris plus de risques que ceux venus après, lors de la deuxième levée de fond. Bref, des débats juridiques et financiers – et sans doute aussi d'ego de certains investisseurs.

Quelle(s) leçon(s) retirez-vous de cet investissement ?

Michel Puharré : La relation entre le Business Angel et la startup évolue dans le temps : comme dans un couple, la startup séduit le Business Angel, puis veut sa liberté, sans vouloir forcément rendre des comptes. La sortie est aussi intéressante : l’équipe qu’on avait choisi au départ a été assez flexible et agile pour gérer la sortie, aux bénéfices de tous. Avec le recul, la gestion de sortie devrait être un critère de choix de deal d’investissement pour un Business Angel.

En savoir plus sur l'association Investessor : https://www.investessor.com/

Contact rédaction : Kathy Percevejo - kathy.percevejo@welikestartup.com