26 janvier 2023

Interview Entrepreneure : Pascale Demartini - CEO Sensivic

Créée fin 2015, Sensivic est une startup technologique qui a conçu un système d’intelligence artificielle permettant de détecter les sons anormaux dans un environnement naturellement bruyant, afin de dynamiser et enrichir les installations de sécurité. Avec Sensivic, les caméras se dotent d’oreilles et la télésurveillance devient plus précise, plus efficace et plus sûre. Co-fondée par Pascale Demartini (CEO) et Jean Demartini (CTO), la startup a fait sa première levée de fonds en début d’année 2022 avec le Réseau WeLike.

Quel a été votre parcours avant Sensivic ?

Pascale Demartini : Après un IUT en technique de commercialisation, je suis entrée dans la vie active, d’abord aux relations publiques chez Pierre Cardin Licences où je faisais beaucoup d’organisation d’événements en France et à l’étranger ; et plus tard, dans le management au sein d’un nouveau secteur qui émergeait, celui des centres d’affaires. Après mes enfants, quand j’ai voulu reprendre une activité professionnelle, je n’avais plus envie d’être salariée et j’ai lancé mon activité de consultante dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication. C’est un domaine dans lequel je me suis formée seule, en autodidacte, avec l’aide de mon mari, lui-même Professeur des Universités et enseignant dans ce domaine. Je travaillais pour de grands groupes, dont EDF, et j’ai donné des cours dans des écoles de commerces et écoles d’ingénieurs.

"Nous avons découvert un univers totalement inexploré, dans lequel il y avait beaucoup de choses à faire".

Comment est née l’idée de Sensivic ?

Pascale Demartini : En parallèle de son poste à l’université, mon mari travaillait de son côté sur des problématiques réseaux, en particulier dans le domaine de la vidéo protection. Au départ, nous pensions apporter des services supplémentaires, comme du monitoring urbain. Mais mon mari ayant élaboré une technologie de reconnaissance de bruit de bris de vitre, on s’est finalement concentré sur le son et nous avons alors découvert un univers totalement inexploré, dans lequel il y avait beaucoup de choses à faire. Une fois le système de détection créé, le moment était venu de monter l’entreprise pour faire se rencontrer nos propositions technologiques et les besoins marché.

Que représente l’entrepreneuriat pour vous ?

Pascale Demartini : L’entrepreneuriat est une suite logique, la continuité et la finalisation de mon parcours professionnel. Quand j’étais salariée, je me sentais frustrée de ne pas participer aux décisions stratégiques. En devenant consultante, j’étais seule décisionnaire mais je travaillais aussi seule. Avec une entreprise, je continue de prendre des décisions mais il est devenu primordial de s’entourer.

Je note par ailleurs que j’évolue dans un univers très technologique, dans lequel il y a peu de femmes. La sécurité est aussi un monde encore très masculin. Je me sens pourtant parfaitement à ma place, même si je n’ai pas un profil initial technologique.

Que retenez-vous de votre expérience de la levée de fonds et de l’accompagnement avec des Business Angels ?

Pascale Demartini : La levée de fonds a été une expérience dense, un énorme challenge, très exigeant mais extrêmement enrichissant. J’en retiens que c’était une expérience très positive. Mon seul regret est d’avoir commencé par me rapprocher d’un cabinet de leveurs de fonds plutôt que d’approcher directement les réseaux de Business Angels.

La période du mentorat a été très enrichissante car j’ai pu revoir tout le schéma de l’entreprise. L’univers de la sécurité est très traditionnaliste. Or mes mentors m’ont fait voir les choses autrement, et notamment fait comprendre la différence entre une PME et une startup. Ca a été capital.

En début d’année 2022, nous avons pris de plein fouet la crise des composants et avons alors dû revoir notre produit. Nous avons accéléré sur la R&D pour trouver de nouveaux composants, ce qui nous a fait perdre du temps sur notre développement commercial. Nous commençons tout juste à lancer notre stratégie commerciale. Nos Business Angels sont restés positifs, compréhensifs de la situation, mais aujourd’hui, nous avons un an de retard à compenser.

Au sein du Comité Stratégique, les échanges sont toujours constructifs et visent à trouver des solutions. La constitution du Comité est importante : nous avons 4 représentants d’investisseurs qui à eux tous couvrent plusieurs aspects (financier, technologique…).

Quels conseils donneriez vous à un futur entrepreneur ?

Pascale Demartini : J’ai toujours envie de répondre que si une personne a une idée et sent qu’elle peut porter le poids d’une entreprise, alors elle doit y aller. Mais je sais aussi que l’entrepreneuriat demande un tempérament à toute épreuve : il faut savoir prendre des coups, se relever, être prêt à travailler énormément et tout le temps, et faire de son entreprise sa priorité. Je pense donc que l’idée est capitale, mais il faut le tempérament aussi.

Quels sont les étapes 2023 pour Sensivic ?

Pascale Demartini : 2023 sera l’année du chiffre d’affaires. Nous avons beaucoup travaillé notre R&D en 2022 et à présent, il faut vendre. Le service technique va donc se mettre au service du commercial pour aller plus vite dans la concrétisation des POC et générer du chiffre rapidement. Nous ne reprendrons la R&D prospective qu’une fois que nous serons satisfaits du démarrage commercial.

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