14 avril 2020

Denis Delmas - Business Angel

Portrait de Business Angel

Denis a été PDG de TNS-Sofres et Havas Media avant de rejoindre Investessor en 2015. Denis est également président de l’incubateur du CNAM depuis 2016, dont Investessor est partenaire. Denis a investi dans 6 startups avec Investessor.

VISION

Qu’est-ce qu’un Business Angel, d’après vous ?

Juridiquement, il s’agit d’une personne physique qui investit dans le capital d’une entreprise. Pour moi, c’est plus que ça car il ne s’agit pas seulement d’investir dans un objectif de rentabilité. Beaucoup de banques proposent des produits investis dans des startups. Un Business Angel s’intéresse avant tout au monde des entreprises et a la volonté de s’impliquer dans l’accompagnement des startups.

Je tiens aussi à préciser qu’un Business Angel n’a pas à être milliardaire pour pouvoir investir. L’activité est accessible à bien plus de personnes qu’on ne le pense, dès lors qu’elles disposent d’une certaine épargne.

Quel(le)s sont vos motivations, vos attentes/objectifs ?

L’activité de Business Angel me permet à la fois d’avoir un rôle financier au sein de startups, mais également d’intégrer l’écosystème des startups, qui est différent du monde de l’entreprise. Personnellement, je voulais justement en savoir plus sur l’univers startups. Or, à titre individuel, cela est compliqué. En devenant Business Angel, en particulier au sein d’un réseau, j’ai accès à de nombreux projets.

Quel est le profil d’un Business Angel d’après vous ?

Deux critères me semblent importants. Tout d’abord, un Business Angel doit avoir une expérience professionnelle dans la direction d’entreprise car une startup rencontre des problématiques d’ensemble qui touchent à la finance, au développement commercial, au développement produit... A une échelle moindre, un porteur de projet est à lui seul une direction d’entreprise. Par conséquent, un Business Angel qui connaît ces problématiques de direction sera plus apte à conseiller et orienter l’entrepreneur. Idéalement, le Business Angel doit avoir un profil généraliste.

D’autre part, il doit être disposé à accompagner l’entrepreneur régulièrement et sur une période de temps qui peut être de plusieurs années.

Enfin, un Business Angel doit évidemment avoir un certain goût du risque.

VOS EXPERIENCES

Quels sont vos critères de sélection ?

L’équipe compte davantage que le projet, car il est plus aisé de réorienter un produit, un service ou une stratégie, plutôt que de changer une personne. Je porte donc surtout mon attention sur le (les) porteur(s) de projet, la complémentarité de son équipe et la diversité des compétences.

Je regarde aussi la scalabilité de la startup et me pose la question : « Quelle sera la croissance de ce projet d’ici 4 ou 5 ans ? ».

Les critères se définissent et s’affinent avec le temps et l’expérience. Quand une personne se lance dans cette activité, elle devrait prendre son temps, écouter beaucoup de pitchs et discuter avec les autres Business Angels, sans envisager d’investir. L’activité de Business Angel n’est pas évidente et il faut prendre le temps de se former. Il est difficile de choisir un projet. Je pense qu’il faut miser sur l’accumulation d’expériences d’investissement, être prudent et beaucoup échanger avec les autres Business Angels. Le partage des connaissances est primordial, car nous n’avons pas toujours les compétences dans les domaines d’activité qui nous sont présentés. Or, en mutualisant les expertises de chacun et en développant davantage l’intelligence collective, nous pourrions disposer d’un outil puissant.

Quelles expériences d’investissement souhaitez-vous partager ?

Récemment, à l’occasion d’une seconde ouverture de capital, j’ai renouvelé une souscription dans une startup dans laquelle j’avais investi au 1er tour. C’était agréable et stimulant de voir que les Business Angels historiques renouvelaient leur confiance dans le projet. Au départ, la startup n’avait pas forcément fait l’unanimité, s’agissant d’un projet dans le retail. Ce secteur est peu attrayant pour les investisseurs qui vont préférer des projets dans des secteurs plus en vogue, comme le digital. Il y a comme un fantasme sur le digital alors que l’industrie peut aller très loin aussi. Dans le cas de la startup évoquée précédemment, c’est l’équipe qui m’a séduit, j’ai perçu que les porteurs étaient de bons managers.

VOTRE BILAN

Quel bilan faites-vous de votre activité de Business Angel ?

Mon bilan est très positif. Il y a certes des startups qui ont échouées -souvent du fait d’une mauvaise évaluation de l’équipe de ma part, et d’autres pour lesquelles j’estime que le potentiel de réussite est bon. Au final, j’estime que mon bilan financier sera positif.

D’un point de vue relationnel, j’ai fait de belles rencontres et, surtout, j’ai pu me rapprocher du monde des startups, comme je le souhaitais initialement. A présent, je souhaiterais bénéficier davantage de ce réseau par le partage et les échanges entre Business Angels. L’intérêt du réseau est précisément d’apporter un regard croisé sur les dossiers, en plus d’attirer les bons projets, les partenariats...

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait devenir Business Angel ?

Je lui dirais de ne pas avoir peur, de ne pas se réfréner tout en prenant son temps avant de faire ses premiers investissements. Je recommanderais de profiter du réseau et d’échanger avec les autres Business Angels. Enfin, je lui dirais de prévoir un minimum de temps pour se consacrer à cette activité, qui implique, en plus du choix des projets et de l’investissement, d’être disponible pour accompagner le projet dans le temps.