14 avril 2020

Jeannine Duclos-Sikorzynski - Business Angel

Portrait de Business Angel

Mise à jour en  mai 2022

Formée à Sciences PO Paris et HEC, diplômée d’un MBA de General Electric, Jeannine a commencé sa carrière dans la banque d’affaires avant de rejoindre de grands groupes internationaux dans des fonctions de Directeur financier et Directeur Général. Jeannine est dirigeante du cabinet JDS Conseils, spécialisé en conseils RH (Executive Search et accompagnement de dirigeants et administrateurs dans l’exercice de leurs fonctions). Jeannine est membre Investessor depuis 2017. 

VOTRE VISION

Qu’est-ce qu’un Business Angel pour vous ? 

Un Business Angel est d’abord un investisseur qui a, tout à la fois des moyens financiers et d’autre part l’envie de prendre des risques.

Pour moi un Business Angel n'est pas un « sleeping partner », mais son objectif est de contribuer, avec bienveillance, au développement du projet et ainsi augmenter ses chances de réussite.

Quel(le)s sont vos motivations/objectifs ? 

L’activité de Business Angel s’inscrit pour moi, dans la continuité de mes expériences professionnelles antérieures.

Cela me permet de garder un contact actif avec le monde de l’entreprise et de l’appréhender d’une nouvelle façon, de passer de « l’autre côté de la barrière » en devenant actionnaire.

Outre le support financier, je suis intéressée à apporter mes compétences, mon expérience et un regard externe à l’entrepreneur dans le but de briser une certaine forme de solitude dans l’exercice de ses responsabilités.

Cela implique, de part et d’autre, confiance, écoute active et ouverture d’esprit.

Dans cette relation, je ne me place pas dans une posture de professeur qui attend que l’élève exécute, mais plutôt dans celle d’un coach qui amène l’entrepreneur à anticiper, à se poser des questions que, pris par le quotidien, il ne s’est pas forcément posé.

En étant Business Angel, je suis dans une posture différente de celle que j’ai occupée dans mon activité professionnelle : je ne fais pas, mais j’aide à faire faire.

Quel est le profil d’un Business Angel d’après vous ? 

C’est quelqu’un qui a le goût de l’action et un sens aigu du « risque calculé » pour faire de judicieux placements.

Il ou elle a un esprit positif, de l’enthousiasme, le sens de l’engagement, un bon esprit de synthèse et de la rapidité dans la compréhension des business models économiques.

Enfin, je pense qu’un Business Angel doit avoir de l’expérience et une connaissance large du monde économique, dans un souci d’efficience dans ses interventions.

Globalement, un Business Angel doit agir avec bienveillance car ce n’est pas lui/elle qui agit, mais l’entrepreneur. « La critique est facile, l’Art est difficile »

Le Business Angel doit par conséquent avoir de la pédagogie pour convaincre et savoir prendre du recul.

VOS EXPERIENCES

Quels sont vos critères de sélection d’un projet ? 

Mon premier critère est l’entrepreneur lui-même, ses « soft skills » et la qualité de l’équipe qui l’accompagne dans son projet.

A ce sujet, j’ai pu remarquer que les Business Angels, restent en majorité des hommes au sein du réseau, font preuve d’une moindre sensibilité aux projets portés par les femmes. Cela est peut-être lié au type de projets qu’elles portent, mais le fait est aussi que, du côté des investisseurs, les femmes sont peu nombreuses.

Ensuite, je m’intéresse à la stratégie et à la cohérence du projet, sa solidité par rapport aux objectifs fixés, aux moyens déployés.

Le projet doit être validé par un business plan et des projections financières réalistes qui tiennent la route.

Enfin, selon l’adage « que ce qui se conçoit clairement, s’exprime clairement », l’entrepreneur doit savoir présenter clairement son projet. Si je ne le comprends pas, je ne le suis pas.

Quelles difficultés avez-vous rencontré dans vos investissements ?

Je dirai que j’ai rencontré au moins trois types de difficultés.

Tout d’abord celle de la prise de décision. La décision d’investir dans un projet n’est pas uniquement rationnelle ; la question du « coup de cœur » se pose.

Parfois, on peut soutenir un projet par conviction, au-delà des chiffres, car on pressent son potentiel. C’est là où la décision est difficile : qui suivre, le cœur ou la raison ?

La seconde difficulté est dans la mise en œuvre du projet. Les choses se passant rarement comme prévu.

Ainsi dans l’un de mes investissements dans le monde de la santé connectée, alors que le projet était solide et porteur, sa mise en œuvre sur le plan commercial s’est révélée plus complexe que prévue, nous obligeant, dans l’urgence, à changer de stratégie de conquête du marché en redéfinissant le design du produit et en nouant des partenariats pour retrouver le modèle de développement initialement prévu.

Une autre difficulté, enfin, vécue est d’ordre relationnel. Je me rappelle un Comité Stratégique dans lequel le fondateur était à l’écoute de ses investisseurs, mais n’a pas su finalement, mettre en application les recommandations. La difficulté pour les investisseurs est alors de ne pas tomber sous le coup d’ingérence dans la gestion, alors que les choses allant mal, il y avait nécessité.

La difficulté d’écoute est certainement l’élément le plus fréquent. Au quotidien, les entrepreneurs pris par l’urgence du quotidien, en oublient qu’ils ont à portée de main des investisseurs compétents disponibles pour les guider. Il s’ensuit souvent, un repli sur soi et la tentation d’attendre la dernière minute pour faire part des problèmes, de s’entêter et parfois, il est trop tard pour agir et redresser la situation. Les reportings qui deviennent difficiles à obtenir sont des signes avant-coureurs.

Quels avantages retirez-vous de votre activité ? 

C’est l’occasion de découvrir de nouvelles logiques économiques. Lorsque le Comité Stratégique est bien structuré, avec des compétences différentes et complémentaires, l’expérience devient très enrichissante. A l’occasion, d’un investissement, j’ai ainsi pu découvrir la logique du e-commerce, grâce au partage de compétences et de connaissances avec les différents membres du comité stratégique.

VOTRE BILAN

Quel bilan faites-vous de votre activité de Business Angel ? 

Je suis actuellement au capital de plusieurs startups. Sur mes autres investissements, qui sont plus anciens et réalisés en direct, à travers mon réseau de connaissances, les résultats à ce jour sont équilibrés, avec faillite pour l’une et plus-value pour l’autre suite au rachat par les fondateurs au bout de quatre ans.

L’intérêt d’être membre d’un réseau, comme Investessor, est de disposer d’un cadre professionnel, avec des outils, des méthodes, un pacte d’actionnaire qui définit les règles de façon claire pour chacune des parties.

Par exemple, Investessor demande dans son pacte d’actionnaires à être présent au Comité Stratégique et impose aux entrepreneurs un reporting régulier pour suivre l’activité.

Il fixe ainsi un cadre qui structure la relation entre entrepreneur et investisseurs.

Par ailleurs, les opportunités d’investissements sont plus nombreuses via un réseau.

Je ne conseillerais donc pas de faire des investissements en direct, car ils sont trop aléatoires.

Que diriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait devenir Business Angel ? 

Tout d’abord, il faut avoir envie d’être Business Angel. L’activité présente un risque certain et important, il ne faut donc pas investir des fonds dont on a besoin. Il faut aussi aimer et s’intéresser à l’économie et au monde de l’entreprise.

Par ailleurs, je recommanderais au futur Business Angel de prendre le temps de bien comprendre ce qu’est l’activité de Business Angel, en assistant, par exemple, aux sessions de pitchs, en côtoyant d’autres Business Angels. Pour moi Business Angel est presqu’un métier.

L’ecosystème d’Investessor, avec ses différentes composantes et responsables (WeLikeStartup, WeRaiseStartup...) propose un cadre pour structurer et sécuriser au mieux la démarche.