28 juin 2019

Laurent Bracco - Business Angel

Portrait de Business Angel

Ingénieur de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris, Laurent a fait son doctorat en biochimie et biologie moléculaire à l’Université du Colorado. Après l’institut Pasteur, il intègre la recherche privée de Rhône Poulenc-Santé (depuis Sanofi) où il manage différents programmes en oncologie tout en traversant les différentes restructurations de l’entreprise. La fibre entrepreneuriale lui fait quitter la « big pharma » pour co-fonder ExonHit Therapeutics, une start-up en biotechnologie dédiée à la découverte de nouvelles solutions thérapeutiques et diagnostiques dans le cancer et les maladies neurodégénératives. La société est introduite sur le marché Alternext. Membre d’Investessor depuis 2014, Laurent a investi en direct dans une quinzaine de sociétés. Il est également mentor au sein de WeRaiseStartup.

VOTRE VISION

Quelle est votre vision de l’activité de Business Angel ?

Je considère le Business Angel comme un facilitateur, bien sûr au moment de financer l’entreprise, mais surtout pour son partage d’expériences auprès des dirigeants mais aussi de ses collègues Business Angels.

Qu’est-ce qui vous motive dans cette activité ?

Quand j’ai rejoint Investessor, ma motivation était d’abord intellectuelle. J’avais commencé à ralentir mon activité professionnelle et je recherchais une nouvelle occupation stimulante dans laquelle m’investir. D’autre part, en qualité d’ex-startuper moi-même, je cherchais aussi à faire profiter de futurs entrepreneurs de mon expérience.

Existe-t-il un profil idéal de Business Angel pour vous ?

Un profil idéal peut être pas, mais il faut cocher certaines cases. Pour être Business Angel, il faut évidemment vouloir investir et disposer de temps, même s’il existe différents niveaux d’implication dans cette activité. Je pense aussi qu’il est préférable d’avoir une certaine expérience entrepreneuriale, professionnelle… que l’on estime importante de partager.

D’après moi, un Business Angel doit être bienveillant et savoir juger tout en faisant preuve d’empathie, au moins dans un premier temps, lors de la découverte du projet, pendant une session de pitch suivie de questions-réponses par exemple. Par la suite, pendant l’accompagnement, le Business Angel en qualité de Chargé de participation, doit faire preuve de rigueur pour assumer les responsabilités et répondre aux attentes de son rôle au sein du Comité Stratégique. Il ne doit par ailleurs assumer ce rôle que s’il dispose de suffisamment de temps pour cela.

VOS EXPERIENCES

Quels sont vos critères de sélection d’un projet ?

L’équipe est le premier critère que je prends en compte. Je ne recherche pas un profil de fondateur particulier, c’est davantage un ressenti global sur l’équipe. Néanmoins, la complémentarité entre les différents membres de l’équipe est primordiale. Mon deuxième critère est l’innovation, qu’elle soit scientifique, technique ou de service.

Il peut exister un effet « suiveur » lors de la sélection de certains projets. Plusieurs Business Angels peuvent être enthousiasmés par un même projet ou, au contraire, rejeter unanimement un projet. La qualité des Business Angels concernés ou encore le fait que les intentions croissent rapidement, peuvent influencer une décision. Je crois que c’est l’intelligence collective qui s’exprime là et qui fait que l’on va prendre en compte l’opinion des autres investisseurs.

Quelles expériences souhaitez-vous partager ?

J’ai eu la chance du débutant avec mon premier investissement, qui a été Voodoo, ce qui m’a encouragé à poursuivre et à réinvestir une bonne partie de cette plus-value dans d’autres startups ces 18 derniers mois.

Au-delà de cette anecdote, je me suis rendu compte que certains entrepreneurs communiquent peu après la levée de fonds. Le Chargé de participation doit justement s’assurer de récupérer les données relatives à l’évolution de la société afin de les transmettre aux autres Business Angels. Cela peut être un challenge permanent…

A titre personnel, étant toujours attiré par les biotechs, je trouve que des projets intéressants viennent se présenter à nous. C’est bien sûr un secteur particulier et un effort spécifique doit être fait auprès des porteurs de projets lors des présentations devant notre réseau. Cet effort doit être poursuivi auprès des Business Angels avec qui je partage ma connaissance de ce secteur. Notre réseau a récemment investi dans deux biotechs.

VOTRE BILAN

Quel bilan faites-vous de votre expérience chez Investessor ?

Il est encore tôt pour que je me prononce sur le plan financier et les retours sur investissement. Mais là n’est pas l’essentiel !

Sur le plan humain, le réseau a répondu à mes attentes, grâce aux rencontres effectuées. J’ai fait la connaissance de personnes de qualité avec qui j’ai plaisir à échanger. J’apprécie aussi l’effort du réseau pour améliorer cette activité et la professionnaliser. L’organisation a beaucoup progressé grâce à des processus structurés qui facilitent et accélèrent les levées. Par ailleurs, le réseau apporte un atout majeur, qui est celui de mutualiser les compétences et les expertises. Chaque startup a ses spécificités et l’avantage d’un réseau est de permettre de disposer d’investisseurs un peu plus spécialisés que d’autres sur certains domaines.

Recommanderiez-vous cette activité ?

Bien sûr, ce bilan au bout de cinq ans est très positif.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait devenir Business Angel ?

Dans la mesure du possible, je lui conseillerais de faire l’effort de s’impliquer dans la vie du réseau, la sélection et le suivi des projets, et de ne surtout pas voir le réseau comme un simple outil financier d’investissement. Au-delà de l’investissement financier, cette activité demande du temps, que ce soit lors de la participation aux instructions ou pendant le suivi des startups en tant que Chargé de participation.