19 juillet 2019

Patrick Mamou Mani - Business Angel

Portrait de Business Angel

Diplômé de HEC et Dauphine, Patrick a fait carrière au sein de grands groupes internationaux. Responsable Corporate Développement à l’International chez Crédit Agricole Consumer Finance pendant 16 ans, Patrick avait pour mission de sélectionner des projets d’investissement pour le compte du groupe et de coordonner la collaboration entre les équipes du groupe et celles des nouvelles sociétés. Membre Investessor depuis 2013, Patrick a déjà investi dans une vingtaine de startups et est Chargé de participation au sein de plusieurs Comités Stratégiques.

 

VOTRE VISION

 

Quelle est votre vision de l’activité de Business Angel ?

 

Un Business Angel est un investisseur dans une startup, dont la vocation est de contribuer au développement de la startup. Il ne s’agit pas seulement d’une contribution financière. Au travers de ses compétences, mais aussi et surtout de son réseau, le Business Angel doit pouvoir aider la startup à réaliser ses objectifs et à améliorer ses performances commerciales, organisationnelles et financières.

 

Qu’est-ce qui vous motive dans cette activité ?

 

Quand j’ai intégré le Réseau Investessor, ma motivation était surtout fiscale. De plus, à l’époque, je recherchais principalement des startups en lien avec le secteur financier, que je connais bien. Après quelques instructions infructueuses, j’ai revu mon approche et me suis intéressé à des startups dans des secteurs différents. Mon premier succès avait néanmoins un lien avec ma précédente activité professionnelle car il s’agissait d’un job board spécialisé dans les profils sinophones, avec, donc, une dimension internationale.

 

Quelles sont vos attentes ?

 

Mon premier objectif est toujours financier. Toutefois, depuis 2018, mes investissements m’ont donné l’occasion de me constituer un réseau de contacts important. Aujourd’hui, j’essaie de valoriser ce réseau en suscitant des rencontres, en partageant mes contacts. C’est une activité qui demande du temps mais je suis persuadé que les rencontres enrichissent les entrepreneurs et leur apportent une meilleure compréhension de leur secteur et leur activité.

 

Quelles doivent être les qualités d’un Business Angel selon vous ?

 

Les deux principales qualités sont la bienveillance et le respect. Un Business Angel doit faire preuve de respect envers les entrepreneurs, quelle que soit la qualité du projet ou les qualités personnelles des porteurs. De plus, le Business Angel doit constamment se demander comment il peut aider l’entrepreneur. Même s’il s’agit d’un simple feed back, celui-ci doit être positif et constructif pour l’entrepreneur.

 

Il est nécessaire de faire preuve d’intégrité également, car nous sommes amenés à recevoir des informations confidentielles, et toutes les qualités liées à la communication sont les bienvenues : écoute, disponibilité, empathie…

 

En plus de qualités évidentes comme la curiosité et la capacité d’adaptation, j’ajouterais qu’il est également important d’avoir eu un parcours professionnel diversifié et d’avoir touché à différents domaines.

 

VOS EXPERIENCES

 

Quels sont vos critères de sélection des projets ?

 

J’ai trois critères : l’équipe, le projet et la gouvernance.

 

Dans les startups, la dimension humaine est importante car, contrairement aux grands groupes, il n’est pas aussi simple d’y remplacer quelqu’un ou de lui adjoindre une compétence complémentaire. Sur cette dimension, l’enjeu est délicat car, en tant que Business Angel, je cherche à évaluer si l’entrepreneur face à moi sera apte à porter son projet dans des circonstances qui seront, inévitablement, compliquées.

 

La gouvernance est aussi un sujet important et ne se limite pas à la relation entre entrepreneur et investisseurs. La gouvernance, c’est surtout s’assurer que l’entrepreneur est dans une bonne disposition pour accueillir les conseils et les avis de ses Business Angels. Idéalement, au sein d’un Comité Stratégique, les entrepreneurs doivent être dans une posture d’écoute et de prise de recul, car le Comité Stratégique revêt une dimension de gestion et de prise de décision sur des sujets primordiaux. Le Comité doit aussi être une étape préparatoire pour l’entrepreneur qui, à terme, sera amené à faire une série A. Lorsque des fonds intégreront son capital, il sera soumis à une discipline stricte, d’où l’intérêt de fixer un cadre de travail dès le Comité Stratégique.

 

Quelles expériences souhaitez-vous partager ?

 

Trois de mes participations ont abouti à des liquidations, à chaque fois pour des raisons différentes mais toutes ces situations ont un point en commun : les entrepreneurs se sont très bien payés à un certain moment. Or, en privilégiant leur confort, les entrepreneurs dissocient le sort de la société de leur propre sort. Aujourd’hui, la rémunération des entrepreneurs fait partie de mes critères de vigilance lorsque je sélectionne un dossier.

 

J’ai également eu des expériences positives, notamment grâce à mon activité de Business Angel mentor au sein de l’accélérateur WeRaiseStartup, que j’ai commencée en 2017. L’activité de mentor implique de prendre sous son aile des projets très jeunes et de les préparer pour lever des fonds. Dans le cadre d’une activité d’accompagnement scolaire au sein de HEC, j’ai rencontré une jeune étudiante qui est en train de créer sa startup. Mon expérience en qualité de mentor me permet de lui apporter de l’aide et du conseil.

 

VOTRE BILAN

 

Quel bilan faites-vous de votre expérience chez Investessor ?

 

Je ne peux pas encore me prononcer sur le plan financier, mais sur le plan personnel, cette activité m’a permis de m’ouvrir au monde et de progresser.

 

Je remarque que les expériences hors réseau sont plus difficiles que dans le cadre d’un réseau : les porteurs de projets sont plus solitaires, ce qui implique une certaine pression, et les droits donnés aux investisseurs au titre de la gouvernance sont moindres. Le fait d’investir en réseau permet d’alléger la pression sur les investisseurs qui sont alors plus aptes à vraiment coacher et conseiller l’entrepreneur. L’idée est que ce dernier obtienne le meilleur soutien possible de ses investisseurs afin de développer sa société, et pas seulement un soutien financier.

 

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait devenir Business Angel ?

 

Mes conseils varieront selon le temps que la personne a à consacrer à cette activité. Dans tous les cas, même si elle a peu de temps, je lui recommanderais de participer à des instructions afin de comprendre le processus d’analyse et de sélection des projets, et aussi d’assister à des réunions de closing. Ce n’est qu’une fois que l’apprenti Business Angel aura eu une vision d’ensemble de la mécanique qu’il pourra se lancer intelligemment dans un investissement.