9 avril 2020

Philippe Guittat - Business Angel

Portrait Business Angel

Ex-associé au sein de la société Accenture, Philippe y a été intrapreneur pendant 12 ans et a développé une plateforme logicielle en mode SAAS. Business Angel Investessor depuis 3 ans, Philippe fait également partie d’autres réseaux d’investisseurs. Il a investi dans 18 startups, dont 11 par l’intermédiaire d’Investessor.

VOTRE VISION

Qu’est-ce qu’un Business Angel d’après vous ?

La dimension « business » de l’activité de Business Angel est très importante pour moi. Je ne minimise pas la bienveillance ni le côté « angel », mais je considère qu’un Business Angel cherche avant tout la rentabilité dans les investissements qu’il fait.

Quelles sont vos motivations et vos objectifs ?

Mon activité de Business Angel s’inscrit dans une démarche de préparation de ma retraite. Je cherche à me créer un complément de revenu. Je me positionne comme un Business Angel professionnel, j’ai créé une holding pour mes investissements et j’accorde jusqu’à trois jours par semaine à cette activité. Je vise précisément les plus-values et le retour sur investissement.

L’investissement dans les startups en amorçage est évidemment très aléatoire et j’apprécie d’autant plus les process et méthodes mis en place au sein du réseau WeLikeStartup, qui visent précisément à atténuer cette dimension aléatoire. Ce cadre de plus en plus professionnel, et même industriel, est rassurant. Actuellement, il me semble que le contexte en France, tant en termes de méthode que de fiscalité est propice au développement de cette activité de Business Angel.

Quel est le profil d’un Business Angel ?

Je pense surtout qu’un Business Angel doit avoir été un entrepreneur ou un intrapreneur.

VOS EXPERIENCES

Quels sont vos critères de sélection ?

Au-delà du produit, du marché, du sens que le porteur de projet donne à sa startup, et de la complémentarité de l’équipe, j’accorde beaucoup d’attention à l’état d’esprit de l’entrepreneur. Etre entrepreneur, c’est avant tout un « mental ».

Ainsi, j’étudie différents points, dont certains peuvent sembler contradictoires, comme le fait que le porteur de projet doit avoir des convictions sur son business, être déterminé et capable de porter des valeurs tout en ayant des doutes. Il doit avoir conscience que la création d’une entreprise, à fortiori une entreprise réussie, est une aventure compliquée.

Le porteur doit également faire preuve de sincérité avec son environnement, que ce soit ses employés, ses clients, l’Etat ou encore ses investisseurs. Il ne doit pas chercher l’effet d’aubaine à travers la création d’une entreprise et une levée de fonds.

Par ailleurs, il doit être conscient qu’il est constamment sur une ligne de crête. Un projet d’entreprise n’est jamais totalement réussi ou perdu tant qu’on est capable de rebondir. L’entrepreneur doit avoir l’envie de réussir, de porter son projet au-delà des difficultés et des échecs.

Enfin, je pense qu’un porteur de projet doit savoir faire preuve de prudence et adopter une position où il commence par analyser et observer avant d’agir.

L’ensemble de ces éléments forment ce que je considère comme le « mental » de l’entrepreneur et ce sont les points sur lesquels je porte ma vigilance. Un CEO cherche toujours à sécuriser son projet, son équipe, ses investisseurs, l’Etat. Or les incertitudes quant au devenir du projet sont considérables et le CEO doit être en mesure d’absorber cette incertitude qui génère inévitablement du stress. Ainsi, le CEO doit avoir cette double attitude qui consiste à porter les convictions de son projet tout en sachant qu’il y a un risque d’échec. La gestion du stress, comme le risque d’échec, s’appréhendent sur le terrain. Ce n’est pas enseigné dans les grandes écoles. La difficulté est de trouver un équilibre dans l’approche du projet professionnel mais aussi dans la vie personnelle : je regarde par exemple si l’entrepreneur a des hobbies ou pratique une activité sportive.

Quels sont vos retours positifs sur cette activité ?

En tant que Business Angel, je participe à l’économie de demain, ce qui est intéressant et déjà très enrichissant. De manière générale, j’apprécie cette étude de l’état d’esprit de l’entrepreneur, cette forme de coaching ainsi que la démarche qui consiste à détecter les personnes qui ont la capacité à être entrepreneur.

Quelles ont été vos déceptions ?

Sur les 18 startups dans lesquelles j’ai investi, je comptabilise une déception. Il s’agit de mon 1erinvestissement. Le CEO s’est révélé plus intéressé par sa rémunération que par le développement de son entreprise. A ce moment-là, je n’étais pas encore attentif à la personnalité du porteur de projet.

Les premiers investissements peuvent être parmi les plus risqués, surtout quand les investissements se font à titre personnel, contrairement aux investissements via une société d’investissement comme Sibessor 2. Il y a une phase d’apprentissage, lorsqu’on démarre l’activité de Business Angel, qu’il ne faut pas négliger. Sur ce point, je pense que l’expérience de Business Angels plus expérimentés est un atout pour les Business Angels novices.

VOTRE BILAN

Quel bilan faites-vous de votre activité de Business Angel ?

Actuellement, je ne suis sorti du capital d’aucune des startups dans lesquelles j’ai investi donc je ne peux pas me prononcer sur le gain financier.

En revanche, je constate que WeLikeStartup est bien positionné pour atteindre un bon niveau de professionnalisation de l’activité de Business Angel. WeLikeStartup a commencé à fournir un cadre de travail qui apporte un vrai support à l’analyse et à la décision, que ce soit par des outils, des méthodes ou une équipe professionnelle.

Il reste quand même beaucoup d’efforts à faire afin de minimiser l’aspect aléatoire des investissements et que ceux-ci se transforment vraiment en complément de revenu, pour ma part en complément de retraite aux termes de 5 ou 10 ans. L’enjeu à présent me semble d’être capable de proposer un service qui attire une nouvelle génération d’investisseurs, davantage en quête de rentabilité.

Que conseilleriez-vous à une personne qui souhaiterait devenir Business Angel ?

Je recommanderais évidemment Investessor et quant aux conseils, je préconiserais la prudence. Tout comme un entrepreneur, un Business Angel doit gérer son patrimoine avec plusieurs poches d’investissement, plus ou moins aléatoires : startups, immobilier, assurance-vie...