15 avril 2020

Ronald Knoche - Business Angel

Portrait de Business Angel

Business Angel chez Investessor depuis 4 ans, Ronald est également mentor au sein de l’accélérateur WeRaiseStartup. Entrepreneur expérimenté, Ronald a conscience des difficultés et des enjeux rencontrés par tout fondateur d’entreprise. Après avoir fondé sa première startup en 2002, qu’il a revendu en 2013, il s’est lancé dans un nouveau projet en 2015 qu’il gère toujours. Désireux de transmettre son savoir et de partager ses expériences, Ronald a déjà investi dans plus d’une dizaine de startups.

VOTRE VISION DU BUSINESS ANGEL 

Qu’est-ce qu’un Business Angel d’après vous ?  

Un Business Angel est une personne qui accompagne les entreprises avec beaucoup de bienveillance.

Quelles sont vos motivations dans cette activité ?  

Mes motivations sont principalement de transmettre mon savoir et de créer de l’économie. C’est la définition même d’entreprendre.

Quels sont vos objectifs ? Et vos attentes ? 

Honnêtement, je n’ai pas d’attente ni d’objectif définis. Mon moteur, c’est surtout de développer une relation personnelle avec des porteurs de projet. La clé est véritablement la confiance. Si la confiance n’est pas instaurée, alors l’entrepreneur ne considérera pas l’opinion du Business Angel.

Les porteurs, généralement beaucoup plus jeunes que moi, remettent beaucoup de choses en question. Le Business Angel doit donc savoir se remettre en cause, et évoluer par la même occasion, tout en sachant défendre ses opinions de manière structurée et qualifiée.

En parallèle, le porteur de projet doit également être capable de se remettre en cause. A travers la mise en place d’une politique des 4 yeux et en confrontant les idées, il devient possible de créer de l’objectivité pour faire avancer l’entreprise beaucoup plus rapidement. Un entrepreneur senior a de l’expérience et des réflexes que n’a pas un entrepreneur junior.

En retour, un Business Angel attend d’un porteur de projet que ce dernier l’écoute, qu’il confronte ses idées dans le cadre d’un échange constructif, puis qu’il synthétise les actions finales, la décision d’avancer, ou non, revient toujours au porteur de projet.

La chance de survie d’une startup est beaucoup plus élevée s’il y a un accompagnement de qualité. Cela ne signifie pas qu’on réussit à tous les coups, mais c’est du bonus important.

Quels sont vos critères de sélection ?  

Au cours de ces derniers mois, l’ensemble de notre environnement économique a été bouleversé, ce qui implique beaucoup de changements pour les Business Angels. Aujourd’hui, l’investissement n’est plus favorisé par la réduction de l’ISF et l’activité de Business Angel doit devenir nettement professionnelle pour pouvoir perdurer.

A présent, les critères de sélection d’une société sont davantage son côté humain et l’aspect innovant du projet. La sélection peut se faire aussi par rapport à un marché potentiel et à la mise en œuvre du projet au sein de ce marché. L’émotion peut jouer un rôle également, mais là, on entre dans des critères subjectifs.

Personnellement, j’évite les projets qui annoncent une valorisation surélevée par rapport à la maturité du projet ; je regarde la gouvernance de l’entreprise, qui doit être des plus transparente, et je m’intéresse particulièrement au potentiel de plus-value réalisable.

D’autre part, je me penche sur le business plan en tant que révélateur de la méthodologie et de l’approche de l’entreprise par le porteur de projet. Plus que les chiffres, c’est la rigueur du porteur de projet, dans la structure de son business plan, qui m’importe. Le business plan reflète la profondeur de l’étude du marché ainsi que la vision du porteur de projet sur un marché potentiel. Dans mon activité de mentor, j’insiste précisément sur ce point pour tester l’approche et la vision des porteurs de projet.

Quel est le profil d’un Business Angel ?  

Le Business Angel doit savoir prendre du recul et faire preuve de bienveillance. Il doit, par ailleurs, avoir une vision stratégique du projet et une longueur d’avance par rapport au porteur de projet. Cette vision doit être réaliste et réalisable en fonction des capacités et des ambitions financières de l’entreprise car chaque décision a un impact économique. J’ai vu des porteurs de projet portés par l’euphorie après une levée de fonds. Pour eux, tout cet argent sur leur compte est synonyme de pouvoir. Or ils oublient que la levée n’est pas un aboutissement mais un support pour atteindre un objectif et c’est au Business Angel de les faire redescendre sur terre.

VOS EXPERIENCES EN TANT QUE BUSINESS ANGEL 

Avez-vous des expériences particulièrement positives ou négatives à partager ?  

Je considère toutes mes expériences de Business Angel comme positives car même si je perds de l’argent sur certains projets, j’en gagne sur d’autres. J’estime avoir ma part de responsabilité, que je gagne ou que je perdre de l’argent dans un investissement. Il n’y a ni fatalité, ni côté négatif.

Je remarque toutefois que les Business Angels ont une forte appréhension du risque. Or, je pense qu’il faut, davantage que par le passé, accepter cette part de risque, surtout dans les premiers tours. En 2018, nous avons fait peu de premiers tours, précisément à cause de cette aversion du risque. Or, nous avons besoin des premiers tours pour faire les seconds. De plus, ce sont les premiers tours qui apportent les plus-values réelles.

VOTRE BILAN 

Quelbilan faites-vous de votre expérience de Business Angel ?  

J’ai beaucoup de plaisir à faire ce que je fais.

Du côté financier, il est encore trop tôt pour se prononcer. Je considère que si je gagne un peu d’argent, cela me va.

L’expérience est très gratifiante. Je la compare à la vie : avoir des enfants est une lourde responsabilité et avoir des petits enfants est une responsabilité différente. Si je considère mon entreprise comme mon enfant, alors je considère les entreprises des porteurs de projet que j’accompagne comme mes petits-enfants : si j’ai conscience de la responsabilité, je les considère néanmoins avec plus de recul, de sérénité et de bienveillance, tout en y faisant très attention.

Que diriez-vous à une personne qui souhaiterait devenir Business Angel ? 

Venez et soyez passionné par l’entreprise, par les nouvelles idées, par les jeunes et, plus généralement, par l’Humain.