Safety Line, solution pour la sécurité dans l'aviation
Pascal Lévy, Business Angel, revient sur son investissement dans Safety Line.
Créée en 2010, Safety Line développe des solutions pour faciliter la prise de décision des équipages d’avion en cours de vol (et des services de maintenance au sol). Sur la base de l’exploitation des datas et du machine learning, la startup a commencé par développer des algorithmes prédictifs, en particulier pour les moments critiques que sont les décollages et les atterrissages. En début d’année 2014, le fondateur Pierre Jouniaux et ses associés ont approchés, entre autres, les Business Angels du Réseau WeLikeAngels Investessor pour une levée de fonds. Ces derniers sont sortis du capital en cours d’année 2021. Pascal Lévy, représentant des Business Angels WeLikeAngels Investessor, revient sur son investissement et son accompagnement.
Un projet convaincant
C’est en partant du constat que les données contenues dans les enregistreurs de vol des avions – ou boîtes noires - ne sont exploitées qu’en cas d’accident, que Pierre Jouniaux a eu l’idée de Safety Line. Ancien pilote et enquêteur au Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA), Pierre Jouniaux s’est associé à Eric Boucher – ancien responsable de maintenance dans l’aviation - et Karim Tekkal – ingénieur informatique. Tous les trois proposaient d’analyser les données recueillies sur des milliers de vol, afin d’être en mesure de renseigner, en temps réel, les pilotes sur les risques liés aux intempéries (verglas, pluie...) et de prévenir ainsi des accidents.
« C’est le côté sécurité du projet qui m’a tout de suite attiré, puis l’approche très innovante, ainsi que le fait que la startup adressait un marché où les solutions existantes n’étaient pas satisfaisantes au regard des besoins », se rappelle Pascal Lévy. « Le fait qu’un logiciel d’IA se trouve au cœur de la solution, a été un argument supplémentaire, car j’ai moi-même travaillé dans l’industrie du logiciel pendant 20 ans. Mais surtout, ce qui m’a plu a été de constater que le fondateur et ses associés avaient su aller chercher les compétences nécessaires au développement de leur solution, notamment par des partenariats avec des laboratoires de recherche. On mise avant tout sur une équipe et là, nous avions des gens du métier, dont les compétences étaient à la mesure de leur ambition ».
Par ailleurs, Safety Line se présentait devant les Business Angels en ayant déjà levé, au titre de la love money, près de cent mille euros : « C’était quelque chose de rassurant pour moi en tant qu’investisseur, car même si cela était considéré comme de la love money, c’était un montant suffisamment important pour avancer et qui, de plus, avait été apportée en partie par des investisseurs privés issus du monde de l’aviation ».
En moins de six mois la levée de fonds était bouclée avec trois réseaux de Business Angels dont WeLikeAngels Investessor. Safety Line disposait alors déjà d’un prototype (POC), issu de plus de 3 ans d’analyses des besoins et de plusieurs mois de tests en laboratoire. La levée de fonds avait pour objectif de financer en partie la R&D et surtout le développement commercial.
Des actionnaires présents
Représentant des Business Angels WeLikeAngels Investessor au Comité Stratégique de la startup, Pascal Lévy raconte : « Les fondateurs étaient très à l’écoute, même si on sentait qu’ils n’avaient aucun doute sur leur approche et le besoin marché. Tous les trois évoluaient dans un univers qu’ils connaissaient bien et de ce fait, ils disposaient déjà d’un carnet d’adresse avec notamment des contacts auprès de compagnies aériennes ».
Le Comité Stratégique se réunissait tous les 2 à 3 mois. Ces réunions étaient l’occasion pour les fondateurs de bénéficier de mises en relation et de l’expérience de leurs investisseurs. Autour de la table, certains Business Angels étaient issus du monde de l’aviation, ce qui optimisait les échanges. Les représentants des investisseurs communiquaient ensuite les résultats de l’entreprise au reste des actionnaires. Pascal Lévy revient sur l’esprit de collaboration au sein de cet actionnariat : « Lorsqu’il y a eu un sujet sur la répartition des revenus avec un laboratoire, c’est un Business Angel, qui avait déjà travaillé avec différents laboratoires de recherche, qui a pu donner des recommandations pertinentes pour mieux négocier la répartition en faveur de Safety Line, qui mobilisait beaucoup de ressources à la fois en amont et en aval de ses travaux de R&D».
Une sortie négociée en pleine crise sanitaire
Quand, en 2017, les fondateurs ont fait entrer au capital trois fonds (Groupe ADP, Safran et BPI) pour un total de 3M€, le délai de sortie tel que mentionné dans le nouveau pacte d’actionnaires a été repoussé à 2022, au lieu de 2019. Le sujet de la sortie des Business Angels a toutefois été anticipé quand, en début d’année 2021, SITA – alors partenaire commercial de Safety Line depuis 18 mois – a entamé des discussions dans l’optique d’un rachat total. « Nous étions entré au capital 7 ans plus tôt, cela commençait à faire long, car l’espérance de sortie d’un Business Angel est généralement de 5 ans, même si généralement c’est souvent un peu plus long », explique Pascal Lévy. « La nouvelle a donc été bien accueillie par les actionnaires historiques ».
La crise sanitaire de la Covid 19 a fortement impacté le secteur de l’aviation et Safety Line a vu son chiffre d'affaires fortement réduit, du fait qu’une grande majorité des avions étaient cloués au sol. Néanmoins, sur la base de contrats signés avant la crise et grâce à l’accompagnement par la banque d’affaires Rotschild, Pascal Lévy a apprécié la qualité de cette négociation : « Avec un retour en arrière de près de 2 ans, du fait de la crise sanitaire, la valorisation de la startup n’était plus la même. La valorisation de la société pouvait néanmoins être bien défendue, grâce à des acquis très solides, reposant sur des solutions très performantes et un leadership sur le marché mondial ! Ce qui lui a permis d’être rachetée, avec une plus-value. Les actionnaires bénéficieront par ailleurs d’un bonus si les objectifs commerciaux sont atteints sous 2 ans, et ceux-ci me semblent atteignables ».
Contact rédaction : Kathy Percevejo - kathy.percevejo@welikestartup.com