10 mars 2021

Joanne Kanaan - Entrepreneure

Co-fondatrice d'Omini

Omini développe une nouvelle génération de tests sanguins, portables et immédiats, réalisables directement au chevet du patient. Partant du constat que les tests sanguins sont primordiaux dans les prises de décisions médicales, mais que le protocole de prise de sang et de restitution des résultats n’a pas évolué, Omini a conçu un dispositif innovant avec de nombreuses applications possibles. L’ambition est de pouvoir proposer un outil de prise et d’analyse sanguine aussi simple d’utilisation que les tests glycémiques pour les personnes diabétiques.

L’entrepreneuriat

Quel a été votre parcours avant Omini ?

Après une Licence et un Master de biochimie et biologie moléculaire au Liban, je suis venue en France suivre un Master 2 à l’ENS, suivi d’un doctorat de 4 ans. J’ai consacré mon doctorat à l’étude biochimique et biophysique des mécanismes de travail de certaines molécules essentielles chez l’être humain. C’est pendant la préparation de ma thèse que j’ai été initiée à l’entrepreneuriat dans le cadre du programme PSL-iTeams lancé par Paris Sciences Lettres. Ce programme vise à créer des passerelles entre le monde universitaire et celui de l’entrepreneuriat. J’étais alors très attirée par l’entrepreneuriat, mais je ne savais pas encore comment concrétiser cette envie.

Que représente l’entrepreneuriat pour vous ?

L’entrepreneuriat, c’est d’abord la possibilité d’innover et de sortir la science du monde académique pour la faire aller vers le marché. Il y a un aspect très polyvalent dans l’entrepreneuriat qui me plait beaucoup.

Je ne me voyais pas rester dans la recherche fondamentale, j’avais vraiment envie d’être davantage impliquée dans la dimension stratégique d’un projet d’entreprise.

Comment est née Omini ?

Omini est née de ma rencontre avec Anna Shirinskaya, la co-fondatrice d’Omini, durant le programme Entrepreneur First que j’ai rejoint après ma thèse. Après un Master de chimie en Russie et un Master Européen, Anna a poursuivi avec un stage et une thèse à l’Ecole Polytechnique. Dans le cadre de cette thèse, elle a travaillé sur une technologie de biocapteurs électrochimiques. Ses recherches ont abouti à une nouvelle façon de produire ces biocapteurs, à moindre coût, ce qui permet d’envisager l’industrialisation, et à un système multi-tests qui rend possible l’application d’Omini à de nombreuses maladies. Ces découvertes sont brevetées et Omini en est en partie le propriétaire. Anna portait également en elle la volonté d’aller vers l’entrepreneuriat et de développer des applications concrètes à ses recherches. Nous nous sommes rapidement bien entendues et avons commencé à réfléchir à Omini lors du programme Entrepreneur First.

Comment vous répartissez vous les missions à la tête d’Omini ?

En plus de ma connaissance de la biologie, j’ai la casquette de CEO et je porte Omini à l’extérieur, pour communiquer, vulgariser et pitcher le projet. Anna conserve sa pleine expertise dans la technologie, elle assure le rôle de CTO et dirige notre équipe de R&D.

La levée de fonds

Pourquoi avoir levé auprès de Business Angels ?

A l’issue du programme Entrepreneur First, nous avons commencé par approcher des fonds mais nous avons réalisé qu’Omini était un projet encore trop jeune pour les VC. En fin d’année 2019, nous avons repensé notre positionnement, notre choix de marché et retravaillé notre Business Plan, avant de nous tourner vers les Business Angels. C’est notamment à ce moment-là que nous nous sommes orientées vers les maladies chroniques, en particulier les maladies cardio-vasculaires.

Comment s’est déroulée votre levée ?

Comme nous avons réuni plusieurs réseaux de Business Angels, nous avons levé en deux temps. Le réseau BADGE a été parmi les premiers, puis les autres sont arrivés plus tard, dont WeLikeAngels. La première phase de la levée a été difficile, car certains réseaux étaient réticents et attendaient que les autres se positionnent. La deuxième phase s’est déroulée de manière beaucoup plus sereine.

Quelles ont été les difficultés ?

Le fait de fédérer autant de réseaux différents – 6 au total – a impliqué de faire autant d’instructions. Chaque réseau ayant son expertise et ses intérêts, Anna et moi étions challengées sur de nombreux aspects du projet : tantôt la technologie, tantôt la partie business, tantôt la sortie... avec à chaque fois des questions pointues qui nous amenaient à préciser de plus en plus notre projet. En plus du temps que cela nous prenait, nous devions assurer nos réponses à de très nombreux niveaux.

Plus tard, ce sont des sujets comme la négociation du pacte d’actionnaires qui ont amenés leur lot de discussions. Il faut être patient, d’autant qu’il y a plusieurs acteurs concernés, et réagir vite. C’est également un exercice formateur pour un entrepreneur.

Quel bilan avez-vous retiré de cette expérience ?

La conséquence de ces nombreuses sollicitations de la part des différents réseaux a été que nous avons avancé plus vite sur beaucoup de sujets. Au fil de la levée, notre discours s’est affiné, nos idées se sont précisées et nous avions une meilleure vision de ce que nous voulions.

De plus, le fait de lever auprès de réseaux de Business Angels nous permet aujourd’hui de bénéficier de leurs contacts et relations. C’est un avantage fort.

Omini dans les prochains mois

Quelles sont les prochaines étapes pour Omini ?

La levée a pour objectif de financer la réalisation d’un prototype fonctionnel dans le suivi des maladies cardiovasculaires. Ce prototype devra être capable d’assurer la mesure de plusieurs marqueurs sélectionnés.

Nous devons également consolider notre stratégie d’accès au marché, rencontrer des acteurs dans le domaine de la santé, mais aussi des industriels pour évaluer les meilleures possibilités d’entrée sur le marché.

Enfin, dans l’année qui vient, nous allons nous préparer pour la prochaine étape : l’étude clinique, avec tout ce que cela implique en termes réglementaires, partenariats...

Article rédigé en février 2021

Contact rédaction

Kathy Percevejo - Chargée de communication WeLikeStartup : Kathy.percevejo@welikestartup.fr