Sylvie Mutricy - Business Angel
Portrait de Business Angel
Après une Maîtrise d’histoire à la Sorbonne, puis un DEA en développement des Ressources Humaines au CNAM et à HEC, Sylvie s’engage assez naturellement dans la voie académique de la recherche et l’enseignement en rejoignant le Laboratoire G. Friedmann, une unité du CNRS qui rassemble quelques sommités de la sociologie du travail (F. Piotet, J-P Le Goff , J-F Amadieu…). Son goût pour l’opérationnel s’affirme peu à peu au fil des missions de recherche action qu’elle réalise pour quelques entreprises publiques. Sa dernière mission à la SNCF sur la thématique de l’organisation qualifiante la plonge au cœur même de l’action et la conduit à s’interroger sur les ressorts du changement. Forte de son expertise en sociologie des organisations, elle intègre le cabinet Cap Gemini Consulting où elle pilote pendant 10 ans des projets d’innovation comme le lancement de l’offre wifi d’Orange.
Après une parenthèse de trois ans pendant laquelle elle a créé une TPE dans la mode et le loisir, elle rejoint le groupe RATP où elle occupe différents postes de Direction de grosses unités de maintenance industrielle, logistique ou supply chain. Elle pilote également pendant près d’une décennie un certain nombre de projets ou chantiers stratégiques dédiés à la performance des processus et outils industriels, et la transformation digitale. Elle quitte le groupe en début d’année 2020 et se lance dans l’investissement à l’occasion d’une rencontre qui l’a mise en relation avec le Réseau. Elle est membre Business Angel WeLikeAngels depuis février 2020.
VOTRE VISION
Qu’est-ce qu’un Business Angel pour vous ?
Je considère qu’il y a deux dimensions dans cette activité : d’une part, la dimension investissement avec recherche d’un retour sur investissement ; d’autre part la dimension plus personnelle et humaine, liée à la relation qui se noue avec l’entrepreneur.
Le Business Angel est une contraction très improbable (c’est même un oxymore) entre 2 mots qui appartiennent à des champs sémantiques assez opposés : le financier d’un côté, les qualité morales de l’autre avec l’ange incarnant la pureté et la bienveillance.
Le Business Angel, pour moi, revient à l’exercice d’une forme de mécénat économique. Le soutien financier apporté par le Business Angel n’est pas toujours assorti d’un retour sur investissement certain et/ou significatif, ce n’est d’ailleurs pas le ressort premier de décision et d’engagement. Il y a une part de risque assumée, bien plus grande que dans les investissements habituels. Le Business Angel partage et donne aussi généreusement son temps. C’est un soutien bienveillant qui développe bien souvent de fortes connivences avec les dirigeants, il n’en demeure pas moins exigeant et opère dans un cadre méthodologique rigoureux.
Pourquoi êtes-vous devenue Business Angel ?
Je suis partie d’un constat, celui que je n’avais pas de prise sur les solutions d’épargne, qu’elles soient proposées par l’employeur, dans le cadre d’un plan d’intéressement, ou le banquier : opacité, manque de liberté, ROI erratique et incertain. Quand j’ai compris ce qu’était un Business Angel, je me suis dit que je pouvais constituer ainsi ma propre épargne, via la prise de participations, et être davantage décideur de mes placements.
Investir de manière réfléchie et responsable dans des sociétés en pleine croissance permet de remplir le double objectif d’épargne pertinente et pilotée. Je préfère constituer et gérer moi-même un petit fond, composé des sociétés que j’ai choisies parmi une sélection déjà hautement qualifiée. Il y a une vraie contribution active du Business Angel à la vie et croissance de l’entreprise. La relation n’est pas anonyme.
Aujourd’hui, avec le recul, je suis également stimulée par la découverte de nouveautés entrepreneuriales. C’est une activité qui me place au cœur de l’innovation et de la recherche.
Quels sont vos objectifs ?
J’ai une enveloppe annuelle dédiée à mes investissements. La régulation se fait ensuite au fil de mes choix et du contexte. Même si je peux investir au coup de cœur, mes investissements sont toujours très réfléchis.
VOS EXPERIENCES
Quels sont vos critères d’investissement ?
L’instruction facilite grandement la prise de décision d’investir ou non. Quand on est instructeur sur un dossier de startup, le Réseau met à disposition toute une batterie d’outils qui structurent l’analyse. Finalement, la conclusion de l’instruction s’impose d’elle-même.
En revanche, quand je n’instruis pas un dossier, je me penche sur différents paramètres que sont le business modèle, le potentiel de développement, le produit ou service, la dimension sociétal ou RSE du projet, et l’équipe. Ces critères me semblent fondamentaux. Pour l’analyse de l’équipe, on dispose également d’un outil que je trouve assez puissant : le profil RADHAR, qui met en avant les forces et les complémentarités de l’équipe. Le sujet de l’équipe est primordial. Pour ma part, je dois me sentir en confiance et sentir qu’il y a également une relation de confiance au sein de l’équipe. Je guette la passion chez les porteurs du projet, leur complicité, leur capacité à fonctionner ensemble. J’ai actuellement trois participations dans des startups et pour chacune, j’ai retrouvé cette combinaison entre une équipe soudée et une conviction forte sur le produit.
Que retirez-vous de vos expériences d’instruction ?
L’instruction est une étape clé pour juger de la pérennité d’un business modèle. Les outils dont on dispose en tant que Business Angels sont pour cette raison précieux. L’instruction, ce sont également des rencontres, avec un entrepreneur, mais aussi un Business Angel. Je crois beaucoup dans le binôme de Business Angels qui se crée à cette occasion. C’est une complémentarité de profils et de connaissances qui permet un regard croisé et une étude poussée du projet. Lors d’une instruction, j’avais sollicité des experts métier du Réseau qui ont proposé une analyse très riche et de nouvelles perspectives pour le projet concerné.
VOTRE BILAN
Quel bilan faites-vous après un an au sein du Réseau ?
J’ai veillé à m’impliquer dans différentes phases de la sélection des startups et en cela, le Réseau est parfaitement adapté. L’engagement peut se faire à la carte, selon que l’on dispose de plus ou moins de temps, de plus ou moins d’envie. J’ai ainsi pu acquérir beaucoup de connaissances sur les différentes étapes. Les événements sont par ailleurs une source d’énergie très forte. Ce sont des moments auxquels j’aime assister. Les sessions de pitch sont à la fois très réjouissantes et stimulantes intellectuellement.
J’ai aussi adhéré au groupement de femmes qui s’est constitué au sein même du Réseau, les WeLikeAng’Elles, qui facilite les échanges, promeut la féminisation de l’activité de Business Angel et de l’entrepreneuriat.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait devenir Business Angel ?
Je recommanderais d’assister aux sessions de pitchs, de ne pas hésiter à faire une instruction avec un Business Angel plus expérimenté car c’est très formateur. Je dirais également de s’impliquer dans les réunions de closing dès lors qu’on pense qu’une startup a du potentiel. Ce sont des moments de partage où l’on entre dans les détails de l’entreprise de manière collective, avec les autres Business Angels. On arrive à des lectures et des analyses pointues du projet, ce qui permet une meilleure appréciation. Pour conclure, je conseillerais d’être proactif, d’aller au contact des instructeurs pour discuter des projets. Que ce soit pour suivre les closings ou les participations, il faut savoir aller chercher les informations dont on a besoin.
Contact rédaction : Kathy Percevejo - Chargée de communication : Kathy.percevejo@welikestartup.fr